Qui aurait pu penser que la campagne que l’Occident mène à bras raccourcis contre des institutions financières islamiques après les événements du mardi 11 septembre produirait un effet totalement contraire à celui qu’escomptaient ses initiateurs ?
Citons les fortes pressions qui ont été exercées sur les institutions financières islamiques dans les monarchies du golfe pour geler les avoirs suspects ou liés à des groupes terroristes présumés. Citons aussi le fait que les Etats-Unis ont exigé de ces monarchies d’adopter de nouvelles règles pour leur système bancaire traditionnel et de mieux contrôler les organisations caritatives pour qu’elles ne financent pas des activités terroristes. Si l’approche empruntée par les Etats-Unis ne surprend personne, ce sont plutôt les constats que vient d’exposer certains managers de grandes banques islamiques qui produisent cet effet. Ainsi, des responsables de certaines banques islamiques basées à Bahrein vont jusqu’à qualifier la campagne américaine de véritable aubaine. Pour ces responsables, rassemblés samedi à Manama à l’occasion d’une réunion des gouverneurs des Banques centrales et des institutions financières arabes, «la preuve est la hausse des opérations de dépôt durant les trois mois qui ont suivi les attentats à New York et Washington».
Dans une déclaration à l’AFP, le directeur exécutif de la banque islamique de Bahrein, Adnane Youssef, a estimé que «la campagne dénotait de l’incompréhension (des Occidentaux, en particulier les politiciens, et de leur ignorance du mode de fonctionnement de ces banques». Et de préciser : «Après des visites dans la région, les responsables bancaires et les économistes ont réalisé que les banques islamiques fonctionnent comme les autres banques et compris qu’elles sont soumises au contrôle de l’agence monétaire de Bahrein (banque centrale), à l’instar des autres banques».