Economie

Les courtiers montent au créneau

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C’est assurément un pavé dans la marre des impayés du secteur des assurances que vient de lancer la société d’assurances et de réassurances Benwahoud & Associés. Le courtier en assurance vient d’informer l’ensemble des intermédiaires et compagnies de la place d’une procédure judiciaire, pour non-paiement de prime, à l’encontre de plusieurs de ses clients. Ainsi, des noms connus de célèbres personnalités ainsi que ceux de sociétés établies ont été publiquement dévoilés. « Mon objectif est de pousser mes confrères à contrecarrer le phénomène de nomadisme des clients insolvables. Les nouvelles dispositions édictées en matière de recouvrement des primes et destinées aux compagnies d’assurances, s’imposent également aux intermédiaires du secteur. Ras-le-bol des arnaqueurs, mauvais payeurs et autres personnalités qui abusent de leur pouvoir et qui se croient au-dessus des lois », déclare Faraj Benwahoud, patron de Benwahoud & Associés.
 Il est clair qu’agissant de la sorte, les courtiers en assurance passent ainsi d’une situation de laxisme total à des règles strictes et rigoureuses qui rompent avec le passé.
Si les compagnies d’assurances ont reconnu publiquement que leurs arriérés de primes non recouvrées sont estimés à 9 milliards de dirhams sur un chiffre d’affaires global du secteur de 12 milliards, la grande majorité des petits courtiers et des agents en assurances ont des impayés qui dépassent de loin leur chiffre d’affaires. En effet, ces derniers fondent tout particulièrement leur relation commerciale avec leurs clients sur le délai de paiement de la prime. Eux-mêmes vivent avec une trésorerie négative qui ne leur permet pas de financer leur exploitation. Ils se trouvent ainsi souvent dans une situation si grave qu’ils ne peuvent pas rétrocéder les primes payées par certains assurés aux compagnies d’assurances. Les intermédiaires concernés sont donc dans un cercle vicieux dont ils sont aujourd’hui obligés de sortir. «Nous sommes taxés de faire de la rétention de primes d’assurance alorqu’une partie des primes reste impayées. En parallèle, les mauvais payeurs trouvent assureur ailleurs.
La Centrale des risques actuelles ne renseigne pas tous les courtiers sur le degré de solvabilité des clients. Nous gagnons à optimiser cet outil», ajoute Faraj Benwahoud. En réponse sur les risques qu’il fait peser sur sa société en rendant public les noms des mauvais payeurs, Faraj Benwahoud estime que le seul risque qu’il encourt est celui de voir partir les malintentionnés. «De toute manière, ceux-là ont déjà l’intention de nous arnaquer, et par conséquent, nous gagnons même pas à les connaître», tient-il à préciser. 
Mieux encore, d’autres courtiers estiment que les compagnies d’assurances ne jouent pas le jeu. La Centrale des risques actuelle ne suscite pas l’adhésion des différents acteurs. La mise en application du nouveau Code des assurances n’est pas une mince affaire. Elle se doit d’être accompagné d’une base de donnée commune afin de mieux cerner le risque client.
Dorénavant, l’ensemble des intervenants de la filière se doivent d’assainir leur portefeuille clients, de recouvrir les primes impayées et de les verser aux compagnies d’assurances pour leur permettre à leur tour de couvrir les sinistres. Ils devront donc se conformer à l’article 17 qui leur impose d’informer les compagnies  d’assurances de toutes les primes émises qui ne sont pas recouvrées après dix jours. Côté représentativité, il faut aussi dire que le secteur est mal organisé. Sur les 773 intermédiaires en assurances dont 170 agents d’assurances et 600 courtiers, seulement 200 courtiers inscrits à la FNACAM, qui représentent le plus souvent les associations régionales. Par contre, le travail des compagnies d’assurances, sous l’égide de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurances (FMSAR), commence à porter ses fruits. Les nouvelles modalités de règlement des primes d’assurance se traduisent en un volume d’affaires réellement encaissé.  Au fil des années, la pratique de délais de paiement, qui s’est progressivement installée, a pris des proportions inquiétantes. Force est de reconnaître que ces pratiques n’obéissent pas à la logique de l’activité d’assurance qui consiste à s’acquitter de la prime auprès de l’assureur avant même que ce dernier puisse accorder sa garantie. «Les assurés veulent avant tout être indemnisés, et c’est là la raison d’être de l’assurance», estime Faraj Benwahoud.
Afin d’y remédier, les assureurs ont appliqué, strictement la loi. Selon l’article 21 du nouveau Code des assurances, l’assuré doit régler sa prime d’assurance dans les 10 jours suivant l’échéance. Toutefois, afin de permettre aux assurés de s’adapter à la nouvelle réglementation, les assureurs acceptent le paiement de la prime au plus tard le 15 du mois suivant celui de l’échéance du contrat. Par contre, passé ce délai, si l’assuré ne règle pas sa prime, l’assureur sera contraint de lui adresser une  mise en demeure. Vingt jours après, il ne sera plus garanti. Dix jours plus tard, le contrat sera résilié. En face, les clients peuvent, légitimement, escompter des baisses conséquentes de primes. Maintenant que la chasse aux mauvais payeurs est ouverte, la visibilité se ferait, assurément, par le marché.

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