Economie

«Les indicateurs se sont bien comportés»

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ALM : A l’approche de la fin de l’année, quels ont été finalement les grands faits marquants à la Bourse de Casablanca en 2005?
Amine Benabdesslem : L’année 2005 a été pour la Bourse de Casablanca riche en événements. En effet, si l’année 2004 a été celle des privatisations avec l’introduction en Bourse de la Banque centrale populaire et de Maroc Telecom, au cours de l’année 2005, les sociétés privées ont pris le relais avec trois introductions en Bourse.  La société Sothema, qui a levé 100.000.000 dh a permis à l’industrie pharmaceutique d’être représentée au niveau de la cote, la société Dari qui est une entreprise familiale dont l’activité est la production  de pâtes alimentaires et de couscous a levé près de 30.000.000 dh, et la Lydec, première concession de service ayant procédé à une introduction en bourse, a levé 268.000.000 dh. Le marché obligataire n’est pas en reste, cinq émissions obligataires ont été réalisées, dont Settavex qui a fait appel à deux reprises au marché obligataire, Afriquia Gaz pour le financement du projet d’acquisition de Somepi, BMCE Bank avec l’émission d’un emprunt obligataire subordonné et la SFI avec la plus importante émission obligataire de l’année d’un montant de 1 milliard de dh pour le financement de projets à l’international. Par ailleurs, deux sociétés cotées ont fait appel au marché par le biais d’augmentations de capital pour financer leurs projets ou à des fins de restructuration, il s’agit des sociétés Afriquia Gaz et Papelera de Tétouan.
Nous avons également enregistré, durant cette année, un certain nombre d’opérations réservées aux salariés des sociétés cotées. C’est le cas de la BMCE, le Crédit du Maroc, la BMCI et Attijariwafa bank.
Par ailleurs, les indicateurs de marché se sont bien comportés durant cette période. La capitalisation boursière a atteint le seuil historique de 253 milliards de DHS à fin novembre 2005,  et le volume des transactions a dépassé les 100 milliards de Dhs . Quant aux indices boursiers, le MASI a clôturé le mois de novembre avec une performance annuelle de 22 %.

La fiscalisation des plus-values fait l’objet d’un vif débat dans les milieux financiers. Sur le plan éthique, n’est-ce pas normal ?
L’exonération de la taxe sur les  plus-values de cession, instaurée par la loi de Finances 2002, était accordée pour une période de 4 ans à l’ensemble des investisseurs personnes physiques. Le texte était clair et tous les opérateurs étaient conscients  que cette exonération avait une durée de vie limitée dans le temps, qui expire le 31 décembre 2005 ; ce n’est donc pas une très grande surprise pour la place que de parler de refiscalisation éventuelle en 2006. Toutefois, afin de consolider le redressement des marchés boursiers, encore fragiles, notre souhait  est de proroger l’exonération pour 1 an supplémentaire. Le débat reste ouvert à ce sujet et les instances concernées sont saisies dans ce sens.  Quant à l’éthique, elle est respectée dans tous les cas de figure, puisque l’éventuelle exonération vise à encourager la constitution d’une épargne à long terme, bénéfique  pour l’économie nationale comme chacun sait, et ce à travers le canal boursier.
 
L’adoption de ces mesures en 2006 freinerait-elle irrémédiablement la reprise ?
L’adoption de cette mesure aurait un impact certain à court terme en terme de baisse d’activité boursière, mais je ne pense pas qu’elle remettra en cause la tendance de fond du marché qui, à mon sens, restera positive.
Nous escomptons une année 2006 riche en événements notamment en termes d’introduction en Bourse qui auront, toutes choses étant égales par ailleurs, un impact positif sur l’ensemble des indicateurs de marché.
Nous souhaiterions également que les sociétés cotées tirent pleinement avantages de l’évolution du marché, en faisant plus souvent appel à lui pour le financement de leurs projets de développement.
L’année 2006 est également l’année du parachèvement de notre ambitieuse stratégie « Future 2006 » dont les axes stratégiques sont l’élargissement de la cote, le développement de la liquidité et le lancement d’un marché dérivé.
De ce fait, la refiscalisation éventuelle, quoique «impactante» et qui freinera temporairement la reprise, ne remettra pas en cause les grandes orientations de fond.
 
S’agissant de l’introduction des PME à la Bourse, n’est-ce pas finalement le coût d’introduction élevé qui constitue le plus grand frein ?
L’introduction de Dari  durant l’année 2005 a parfaitement montré, que le marché boursier est ouvert aussi bien aux grandes entreprises qu’aux petites et moyennes entreprises.
L’arrivée  des PME sur le marché démontre bien que le coût n’est pas un frein réel à l’introduction : l’investissement de départ dans le montage de l’opération peut être rapidement contrebalancé par les retombées positives sur la santé financière de l’entreprise et sur son image de marque, qui résultent de  son introduction en Bourse et qui peuvent   perdurer durant toute sa vie boursière.
De plus, n’oublions pas que l’entreprise qui s’introduit en Bourse bénéficie d’une exonération de l’Impôt sur les Sociétés pouvant aller jusqu’à 50%, et ce durant 3 exercices successifs. Cette offre, valable jusqu’au 31 décembre 2006,  vient minorer a posteriori de manière très substantielle les frais engagés lors de l’introduction.

Qu’en est-il des introductions nouvelles en Bourse prévues en 2006 ?
Nous sommes assez optimistes, les opérateurs sont pour leur part confiants quant à la consolidation de la reprise du marché grâce notamment aux introductions sauf  évènements imprévus, bien entendu. Nous prévoyons de ce fait  plus de 3 introductions en Bourse en 2006.

Quelques valeurs de la place ne répondent plus aux critères de séjour à la BVC. Leur retrait sera-t-il définitif ?
Je tiens à préciser que les critères de séjour à la cote ont été introduits par loi 52-01 en avril 2004. De ce fait, afin de respecter les dispositions réglementaires, nous avons saisi officiellement ces entreprises fin 2004,  et leur avons accordé un délai de six mois pour se conformer aux critères de séjour. Les entreprises ayant signé un engagement ferme seront maintenues jusqu’à la réalisation des opérations financières jugées nécessaires, et celles qui ne  souhaitent pas s’y conformer, pour des raisons que nous respectons parfaitement,  seront retirées de la cote. Je précise qu’une radiation de la cote ne signifie pas une dégradation ou un jugement de valeur par rapport à ces entreprises, par ailleurs tout à fait respectables, mais  reflètent simplement à un moment donné une non-conformité par rapport aux critères susmentionnés. En ce sens, nous ne pouvons qu’appliquer strictement les règles existantes.

On parle d’importants retours des investisseurs étrangers. Qu’en est-il exactement ?
Durant l’année 2005, la Bourse de Casablanca a accueilli plusieurs délégations étrangères qui ont fait part de leur intérêt pour le marché boursier marocain. L’intérêt  existe certes, notre souhait est que ces déclarations d’intention se transforment en transactions concrètes en 2006, à travers les sociétés de Bourse qui constituent les contacts privilégiés des investisseurs étrangers .

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