Les producteurs de légumes rencontreront jeudi le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, pour lui demander que la France s’oppose à un accord entre l’Union européenne et le Maroc visant à assouplir les importations de fruits et légumes en Europe. Angélique Delahaye, présidente de Légumes de France, branche spécialisée du syndicat majoritaire, FNSEA, a déclaré mardi à l’AFP qu’elle ferait «le point» avec le ministre sur cet «accord qui a beaucoup surpris» les producteurs tant il prévoit des «avancées très significatives» en faveur du Maroc. «Nous demandons que l’Etat français ne paraphe pas cet accord», a réclamé Mme Delahaye, avant de menacer de lancer «des actions» le cas échéant. Pour s’opposer à cet accord, la France doit regrouper une minorité de blocage, ce qui paraît peu vraisemblable puisque seuls les pays du sud de l’Europe, producteurs de fruits et légumes, n’y sont pas favorables, a indiqué à l’AFP le ministère de l’Agriculture. Cet accord ne devrait pas entrer en vigueur avant début 2011, a-t-on encore indiqué. Il prévoit une forte augmentation des importations marocaines pour six produits sensibles: tomates, courgettes, concombres, ail, clémentines et fraises. Le Maroc sera désormais autorisé à augmenter ses exportations de tomates de 22% en cinq ans passant à 285.000 tonnes contre 233.000 actuellement. Les importations de courgettes dans l’espace communautaire vont plus que doubler, de 20.000 à 50.000 tonnes, comme pour les concombres (de 6.200 tonnes à 15.000 tonnes). Ce nouvel accord est «l’approfondissement» d’un précédent qui date de 2003, a-t-on expliqué au ministère. Le nouveau cycle de négociations a débuté en févier 2006 et a pour objectif de permettre une «libéralisation du commerce des produits agricoles, produits agricoles transformés et produits de la pêche». Cet accord intervient au plus mauvais moment alors que les pouvoirs publics ont annoncé lundi une baisse moyenne de 34% des revenus des agriculteurs français en 2009. Parmi les plus touchés figurent les producteurs de fruits (-53%) et de légumes (-34%). Outre une baisse des prix, les producteurs souffrent d’une concurrence effrénée de pays dont le coût de la main-d’oeuvre est bien inférieur, comme au Maroc où celle-ci est 14 fois moins chère, selon Pierre Diot, président des producteurs de tomates et concombres. De plus, cet été le ministre de l’Agriculture a annoncé aux producteurs de fruits et légumes qu’ils devraient rembourser, à la demande de Bruxelles, plusieurs centaines de millions d’euros d’aides versées par l’Etat français entre 1992 et 2002.