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Logistique au Maroc : Une prise de conscience au plus haut niveau de l’Etat

© D.R

Entretien avec Michel Savy, ingénieur et économiste, président de l’Observatoire des politiques et des stratégies de transport en Europe.

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Il faut faire des efforts au niveau de la cohérence et moderniser la réglementation. Mais il faut également réduire progressivement la logistique informelle car elle coûte très cher.

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ALM : Partant de votre expérience dans le domaine, quelle lecture faites-vous de l’évolution du secteur de la logistique au Maroc ?

Michel Savy : J’ai eu la chance de travailler à plusieurs reprises sur les questions de la logistique au Maroc en liaison avec l’Agence marocaine pour le développement de la logistique et en travaillant avec la Banque mondiale qui aide dans la mise en œuvre et la formulation d’une stratégie dans le domaine.

La logistique c’est un domaine que j’enseigne également à l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. La France avait d’ailleurs organisé, il y a deux ans, une conférence sur la logistique et on m’avait demandé de présider le conseil scientifique qui préparait cette réunion. Ce qui me frappe dans la logistique du Maroc, c’est qu’il y a une prise de conscience politique au plus haut niveau de l’Etat qui considère que la logistique est une fonction économique. Une question qui a été très longtemps sous-estimée et considérée comme secondaire. Alors qu’en fait elle joue un rôle de plus en plus important.

Le nouveau système économique industriel et commercial repose sur une logistique moderne et donc il y a une prise de conscience politique sur cette question. Ainsi, parmi les différentes conditions nécessaires, les infrastructures, la main-d’œuvre, la fiscalité et il y a aussi la logistique. S’il n’y a pas une logistique en plus du reste, le Maroc sera isolé ou en retard à l’échelle internationale. La deuxième chose qui me frappe ce sont les efforts effectifs qui ont été faits. Regardons les infrastructures et comparons avec les pays voisins : le réseau d’autoroutes, les investissements dans les ports, Tanger Med, le chemin de fer, dans toutes les plates-formes logistiques.

On a aussi compris que les réseaux de transport ne sont pas seulement des axes mais il faut aussi qu’on y stocke les produits, qu’on les traite et qu’on y fasse des plates-formes logistiques et cet effort a été largement engagé.

Alors évidemment tout n’est pas fait. Le niveau de compétence du Maroc n’est pas encore celui de l’Allemagne qui, à en croire la Banque mondiale, est le meilleur du monde. Mais je crois qu’il y a vraiment un réel essor tout comme il y a un réel progrès économique dans ce pays.

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Le secteur de la logistique représente de réelles opportunités au Maroc. D’importants acquis ont été réalisés dans ce secteur depuis le lancement de la stratégie logistique nationale. En témoignent les nombreuses plates-formes logistiques modernes qui ont été aménagées à Casablanca, Tanger, Agadir, Kenitra, Meknès ou encore Oujda. En outre, un tissu d’opérateurs performants en logistique s’est créé avec l’iimplantation dans le marché marocain d’un grand nombre d’entreprises internationales spécialisées. Toutefois, plusieurs défis restent à relever. C’est dans cette perspective que s’est tenue la première plénière de la 24ème édition du Congrès international de la logistique (Eurolog) à Marrakech les 9, 10 et 11 mai. Cette première rencontre était consacrée à «la logistique vecteur d’intégration et de croissance économique» donnant ainsi la parole à plusieurs experts. Pour plus de détails nous sommes allés à la rencontre du président de l’Observatoire des politiques et des stratégies de transport en Europe, pour nous éclairer sur les différentes problématiques liées au secteur de la logistique au Maroc.

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Quelles sont les pistes à améliorer pour renforcer la chaîne logistique dans le pays?

Ce ne sont pas les idées qui manquent, la difficulté réside essentiellement dans la mise en œuvre. Je vous donne un exemple : un des représentants des professions l’a dit lors de le première plénière.

Il estime que l’AMDL devrait avoir plus de pouvoir pour réguler les constructions logistiques de sorte que chaque grande entreprise, groupe financier ou ministère se fédère en un seul schéma national, transversal, commun à tous et qu’il y ait plus de cohérence. Si dans la même ville on met deux plates-formes l’une loin de l’autre, le risque c’est de perdre des hectares et de gaspiller des investissements et qu’en plus aucune des deux n’atteigne la phase critique à partir de laquelle elle serait vraiment efficace.

C’est un exemple parmi d’autres. Il faut donc faire des efforts au niveau de la cohérence et moderniser la réglementation. Mais il faut également réduire progressivement la logistique informelle car elle coûte très cher de façon visible ou moins visible.

Pourriez-vous nous en dire plus ?

Plus concrètement, l’idée ce n’est pas qu’il y ait au Maroc un petit secteur logistique moderne aux standards internationaux qui serait coupé du reste de l’économie et ne concernerait que les grandes entreprises internationales et puis le reste de l’économie continuera à travailler de façon traditionnelle. Il faut faire évoluer l’ensemble et c’est très difficile et beaucoup plus long. Je pense que le Maroc est dans une transition, mais ne nous racontons pas des histoires : on ne transforme pas la logistique d’un pays en deux ans.

Puisque vous collaborez avec la Banque mondiale, quel est le point de vue de celle-ci par rapport à cette évolution ?

La Banque mondiale, comme vous le savez, est soucieuse du développement. Elle comprend très bien que le Maroc est engagé dans un progrès et un mouvement. La comparaison avec les pays voisins est plutôt favorable au Maroc. La Banque mondiale est, en outre, convaincue que l’ouverture économique à l’international a des facteurs positifs et que la logistique a une fonction interne. Mais elle n’est qu’une des composantes de ce que dans son jargon la Banque mondiale appelle les facilitations du commerce international. On avait parlé lors de la plénière de la douane qui est très importante mais également des procédures de financement de commerce, en plus de la logistique. La Banque mondiale est très présente sur ces questions-là et pas seulement au Maroc mais dans le monde entier, ce qui montre bien qu’elle partage l’analyse selon laquelle c’est une fonction économique primordiale.

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