Economie

L’ONMT met le cap sur l’Espagne

A la veille du Fitur, grand rendez-vous madrilène du tourisme d’affaires et à moins de deux semaines du démarrage effectif des activités de Globalia, le séminaire de l’ONMT sur le marché espagnol ne pouvait passer inaperçu. Emettrice de 40 millions de touristes par an, dont 10% sur l’export, l’Espagne est en perte de vitesse sur le Maroc ces dernières années. Le pic avait été atteint en 1987 avec 369.000 visiteurs sur le Maroc. Mais depuis, le marché marocain a du mal à se maintenir chez son gros voisin. Il y a 25 ans, c’était plutôt le tourisme frontalier et donc par voie terrestre qui constituait l’essentiel des visiteurs du Maroc, soit 84%. En 2002, sur les 232 000 touristes comptabilisés espagnols ayant visité le Maroc, 36% ont emprunté l’avion. C’est dire l’importance de l’aérien dans la nouvelle donne. Comme l’a rappelé le délégué en poste à Madrid, M. Kacimi, en matière de tourisme, la proximité n’est pas géographique, elle s’apprécie par le nombre de dessertes et les sièges aériens. L’objectif des 500 000 touristes espagnols pour 2010 passe donc par l’aérien, mais aussi par une approche plus conséquente de la promotion. Sur ce volet, aussi bien Mme Bennis que M. Kacimi, tous l’ont dit, les tensions maroco-espagnoles ne sont pas pour arranger les choses. D’ailleurs, la directrice de l’ONMT avait suspendu toute action de promotion vers l’Espagne, entre 2000 et 2002. « Difficile de vendre l’image du Maroc durant cette période où les campagnes de presse contre le Maroc étaient à leur point culminant », ajoute M. Kacimi. Relation de cause à effet ou pas, c’est précisément dans cet intervalle, entre 2000 et 2002, que le Maroc a enregistré d’importantes pertes de parts de marché en Espagne. Les concurrents turques, tunisiens et égyptiens entre autres, en ont su bien profiter pour renforcer leur présence. Sur les 4 millions qui quittent en moyenne le pays, deux tiers restent en Europe. Le tiers restant est partagé par ordre d’importance entre le Maroc (qui stagne), la Tunisie, la Turquie et l’Egypte qui montent en force. Il faudra en plus composer désormais avec l’irruption des nouvelles destinations comme le Sénégal et les Caraïbes qui auront leur mot à dire fort du soutien des voyagistes. Le Maroc reste donc toujours bien placé en Espagne. Mais à l’avenir, il faudra que le produit s’adapte. L’offre marocaine est concentrée sur Marrakech, elle est peu innovante. Elle doit s’adapter et prendre en compte les conclusions de l’enquête IPK diligentée par l’ONMT. Selon cette étude, l’Espagnol qui voyage a entre 35 et 45 ans et a pour premier centre d’intérêt le culturel. Un constat à l’antipode de l’offre marocaine balnéaire à souhait et qui, de ce fait, est peu dépaysant pour les citoyens d’un pays qui compte 6500 kilomètres de littoral. Autres descriptions que les professionnels marocains pourront prendre en compte, la dépendance des Espagnols aux circuits de distribution classique. La moitié passe par ces canaux pour voyager. Ce n’est pas surprenant dans un pays qui compte 7.000 agences de voyages et 346 voyagistes. Environ 36% des espagnols optent pour le package. Comme la plupart des Européens, l’Espagnol tend à devenir un voyageur de dernière minute. Les offres Internet montent en puissance puisque 22% des voyageurs surfent dessus. Certaines informations révélées par l’étude sont connues des hôteliers: la propension à la fête de l’Espagnol, son jugement d’une destination, basé pour beaucoup sur les prix des boissons dans les restaurants mais aussi dans son lieu de résidence favori, les hôtels de catégorie supérieure. Mais pour que la promotion ait des retombées pérennes, il faudra d’abord régler le volet de l’aérien, augmenter les dessertes, paramètres qui ne relèvent pas du ressort de l’ONMT. L’arrivée prévue de Globalia peut jouer un effet détonateur tant attendu.

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