Economie

Macroéconomie : La Chine source d’inflation mondiale

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La croissance chinoise, grâce à ses coûts de production très bas, a contribué jusqu’ici à isoler l’économie internationale des pressions inflationnistes qui accompagnent habituellement les périodes de prospérité. Mais la courbe des prix en Chine rappelle aux économistes que le pays alimentera sans doute un jour un mouvement mondial d’inflation. Les prix à la consommation ont augmenté de 5,6% en juillet, la plus forte inflation que la Chine ait connue en dix ans. Sur l’ensemble de 2006, l’inflation n’était ressortie qu’à 1,5%.
 Cette flambée est entièrement imputable à l’alimentation, notamment à la viande de porc, aliment de base en Chine, dont le prix a bondi de 45% en raison d’une épidémie dans les élevages. L’inflation reste donc pour l’heure un phénomène interne car la production alimentaire ne représente que 3% des exportations.
 Mais la Chine occupant désormais une place centrale dans beaucoup d’autres domaines du commerce international, les économistes interprètent l’accélération de l’indice CPI comme un signal avant-coureur de ce qui attend l’économie mondiale telle qu’elle est organisée aujourd’hui. «Il y a une règle absolue sur les prix en Chine, c’est que tout ce qui peut monter monte», observe Jean-Luc Domenach, grand spécialiste des questions chinoises. «L’atmosphère est complètement électrique, c’est un monde où la seule valeur est l’argent.» «Une idée reçue est que les salaires chinois resteront bas pendant longtemps à cause de l’importance de ‘l’armée de réserve’, c’est-à-dire des migrations rurales, qui ne s’épuiseront pas avant plusieurs décennies et maintiendront bas l’ensemble des coûts», ajoute-t-il.
«Mais l’expérience quotidienne montre que cette pression ne suffit pas à contenir la hausse des salaires», précise Jean-Luc Domenach, qui note dans son dernier carnet de voyage paru chez Perrin que le revenu moyen à Pékin a presque doublé entre 2002 et 2006, et que la course en taxi a bondi d’environ 30% l’espace seulement de son séjour. «La Chine voit actuellement ses coûts augmenter mais ne les répercute encore que partiellement au reste du monde», précise Hervé Liévore, stratège Asie chez Axa Investment Managers. «Cette absorption des pressions inflationnistes est surtout imputable au comportement des exportateurs, qui réduisent leurs marges». «Mais sur le moyen terme, après 2010, cette situation n’est pas tenable», précise-t-il dans une note de recherche. L’ancien président de la Fed, Alan Greenspan, a prévenu lui aussi que l’inversion de tendance observée sur les tarifs des importations chinoises pourrait augurer un retour des pressions inflationnistes mondiales. Les prix des articles importés de Chine vers les Etats-Unis ont en effet augmenté de 0,6% sur un an en juin, une hausse modeste mais qui contraste avec plusieurs années de baisse régulière. Ce mouvement sera lent, l’économie chinoise conservant un immense potentiel de main-d’œuvre à des coûts défiant toute concurrence et plusieurs dizaines de millions de personnes au moins étant prêtes à travailler pour quelques euros par jour. Mais ce n’est pas le cas de la classe moyenne. Si elle ne représente encore qu’une frange très minoritaire de la population, elle est déjà quinze fois plus nombreuse qu’en 1999 et prête «à payer cher ce qui est bon ou chic, voire occidental», comme l’écrit Jean-Luc Domenach.
L’indice des prix à l’importation chinois augmentant toujours plus vite que celui des exportations, la Chine importe encore plus d’inflation qu’elle n’en exporte, même si le différentiel diminue. Malgré les discours officiels sur la concurrence déloyale du «made in China», rien ne permet donc de dire que l’économie occidentale soit prête à encaisser une forte remontée des coûts des importations chinoises, la défense du pouvoir d’achat constituant un thème majeur dans les pays industrialisés.
Sur ce terrain, le quotidien officiel China Daily a rétorqué aux critiques américaines «que les Etats-Unis devaient comprendre que la cause réelle de leur déficit extérieur est qu’ils consomment trop et n’épargnent pas assez».

Gilles Guillaume
(Reuters)

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