Economie

Maroc-USA : «Non à un simple accord tarifaire !»

© D.R

ALM : Pourquoi ce débat aujourd’hui ?
Ahmed Charaï : Lobservateur.ma a organisé récemment une rencontre sur l’ALE Maroc-USA. Notre démarche s’inscrit avant tout dans une logique de débat qui vise à mieux contribuer à la compréhension des phénomènes et événements qui changent notre vie. C’est également une action qui s’inscrit dans la continuité, puisque notre journal électronique a dans son actif l’organisation de plusieurs rencontres internationales; je citerai celle de juin 2002 en partenariat avec le quotidien Le Monde à Paris sur «La Paix au Proche-Orient» avec la présence d’imminents spécialistes : Shlomo Ben Ami, Marwane Bishara, Sylvain Cypel…
A notre actif aussi, une journée d’étude en juin 2003 à Marrakech en collaboration avec Le Point sur « La mondialisation et le Maghreb » qui a vu la participation de Dominique Strauss Khan, Bruno Delay… Et puis après l’adoption du statut personnel , nous avons convié des femmes maghrébines à l’Institut du monde arabe à Paris pour débattre de la situation de la femme au Maghreb. La table ronde sur l’ALE Maroc-USA est une escale qui a permis(je l’espère) aux officiels de mieux expliquer le contexte et le contenu de l’accord et aux entreprises de soulever leurs espoirs, leurs contraintes et aussi leurs craintes.
Que pensez-vous de cette ouverture de l’économie marocaine vers les Etats-Unis? Et quel est votre sentiment par rapport à ce processus ?
Le Maroc s’est inscrit, depuis l’avènement du nouveau Souverain dans une dynamique de changement irréversible. A mon sens, le Maroc doit diversifier ses marchés car l’Europe, toute seule , ne peut lui assurer la croissance forte à deux chiffres. Evidemment, l’Europe avait exprimé son scepticisme face à cet accord de libre-échange , considérant qu’il vient menacer les efforts de libéralisation déjà engagés avec Bruxelles depuis 1996, mais je crois que les Européens se soucient surtout, de voir les Etats-Unis accéder à leurs marchés traditionnels. Pour les USA, cet accord peut apparaître comme un premier jalon du projet américain « Grand Moyen-Orient » , vaste plan de remodelage du monde musulman. Par contre, pour le Maroc, cet accord peut être une véritable chance économique pour stimuler ses exportations , un moyen d’établir de véritables partenariats entre le Maroc et les USA par rapport à des secteurs à identifier et enfin un levier de croissance et d’intégration économique. Tout cela, à la seule condition que le gouvernement marocain prenne ses responsabilités, c’est-à-dire qu’il accélère les réformes et la modernisation du secteur privé. Sinon, cet accord deviendra un simple accord tarifaire au bénéfice du plus fort.
Bien évidemment, l’exigence d’une mise à niveau complexe de toute l’économie, nécessite des fonds de restructuration. Jusque-là, Bruxelles a concédé de large aides à cette restructuration sur un schéma de partenariat préférentiel qui sous-entend un caractère exclusif accompagné d’une aide financière à travers le programme MEDA. Alors que du côté américain , l’aide reste bien inférieure aux exigences de cet accord. Le Maroc n’a pas le choix, il doit jouer la concurrence , c’est à dire inciter de plus en plus les organismes financiers américains à débourser pour accompagner les efforts marocains à cette mise à niveau.
Y a-t-il péril en la demeure pour la culture et les médias du fait de l’ALE ?
Il faut être réaliste, la production culturelle marocaine est insignifiante par rapport à celle des USA. Le fonds d’aide accordé par le ministère de la Culture au cinéma et au théâtre est inférieur au budget de production d’un seul film américain produit par le géant Time Warner. Par contre , dans ce domaine, particulièrement, je crois que le Maroc pourra tabler sur les effets indirects de cet accord, grâce à un volet destiné à protéger les investissements , ce qui devrait encourager les entreprises américaines à s’installer au Maroc. Par ailleurs, la clause sur les produits culturels, qualifiée d’exceptionnelle par le département du Commerce américain, doit être accompagnée, côté marocain, par un arsenal juridique fort, qui vise à combattre des phénomènes comme la contrebande et l’économie informelle qui peuvent mettre en difficulté ce traité.
Lobservateur.ma revendique, aujourd’hui, le leadership en matière d’information en ligne. Vos prochaines étapes de développement ?
Lobservateur.ma n’est pas seulement un support d’information continue à l’image de ce qui se fait dans le secteur de l’Internet, mais un véritable organe de presse qui, en s’appuyant sur des journalistes et éditorialistes de renommées nationale et internationale, produit des analyses et des enquêtes d’une grande qualité. Les partenariats que nous avons établis avec des supports de presse, comme les prestigieux quotidiens Le Monde et The New York Times ont permis à Lobservateur.ma d’élargir sa cible de lectorat et d’améliorer son rendement. Notre conviction en tant qu’entreprise privée est que le Maroc est effectivement un cas particulier et intéressant en sud-Méditerranée . Cette conviction est tellement ancrée, que je suis en mesure de vous annoncer, aujourd’hui , avec une réelle détermination, que nous avons décidé la transformation de notre journal électronique Lobservateur.ma en journal hebdomadaire sur papier dans les 12 mois . Nous le ferons en partenariat avec un grand groupe industriel français et en nous appuyant sur des professionnels marocains et français .

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