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Ministère du tourisme Vs agents de voyages : Qui dit vrai ?

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Le torchon brûle entre la tutelle et les professionnels au sujet du projet de loi 11-16

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«Le processus de concertation a démarré depuis 2007. Et à chaque fois que la fédération élisait un nouveau bureau, on se concertait avec ses membres. On a même organisé des ateliers régionaux pour partager les innovations du tourisme digital et son impact sur la réglementation».

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Le projet de loi 11-16 portant statut des agences de voyages trace son chemin vers la deuxième Chambre. Les membres de la commission des secteurs productifs au sein de la Chambre des représentants ont voté, mardi 6 février, ledit projet qui sera présenté pour approbation en plénière avant de le soumettre à la Chambre des conseillers. Ce nouveau cadre juridique a été élaboré pour réformer le système de la distribution de voyages. La finalité étant de rendre la distribution plus inclusive, fluide et sécurisée. Les nouvelles dispositions introduites tendent à assurer la participation de tous les acteurs de la distribution touristique ainsi qu’à adapter ce segment aux nouveaux modes de consommation et nouveaux marchés.  Toutefois, cette nouvelle loi fait l’objet d’une polémique au niveau national. Les professionnels du secteur sont toujours en colère, laquelle ne s’est pas calmée même après que le binôme Haddad-Boutaleb a hérité de ce dossier.

Les professionnels contestent plusieurs points particulièrement le système de graduation de licences promu par ce nouveau dispositif et qui tend à classer les agences en deux catégories (A-B). Mais le grand reproche consiste dans le fait que les professionnels représentés par la Fédération nationale des agences de voyages (FNAVM) soient écartés du process d’élaboration de ce texte depuis le mandat de Lahcen Haddad à ce jour. C’est d’ailleurs ce que confie Amal Karioun, président de la FNAVM. Un fait entièrement démenti par la tutelle qui de son côté assure avoir impliqué l’ensemble des acteurs dans la conception du nouveau cadre juridique. «Le processus de concertation a démarré depuis 2007. Et à chaque fois que la fédération élisait un nouveau bureau, on se concertait avec ses membres. On a même organisé des ateliers régionaux pour partager les innovations du tourisme digital et son impact sur la réglementation». C’est en ces termes que Mehdi Taleb, directeur de la qualité de la réglementation et de développement au sein du ministère du tourisme, du transport aérien, de l’artisanat et de l’économie sociale, répond au président de la FNAVM. 

Le nouveau texte de loi a pour objectif d’améliorer les conditions de gestion des agents de voyages en mettant l’accent sur le rôle que joue la digitalisation dans la promotion touristique puisque l’ensemble du trafic passe aujourd’hui par les plates-formes numériques alors que le canal des agences de voyages ne représente que 20% de cette sphère. «La distribution de voyages est portée par deux éléments majeurs, en l’occurrence les nouvelles technologies et le collaboratif. On ne peut pas garder un cadre réglementaire qui date de vingt ans et dire que les acteurs en ligne sont dans l’illégalité. C’est insensé», souligne le représentant du ministère. Pour sa part, Amal Karioun riposte : «Nous ne sommes pas contre la révision d’un texte qui est ancien. Mais encore faut-il que cette révision soit coordonnée et acceptée par la profession et non pas imposée. Il faut qu’on arrête de vouloir faire des effets d’annonce: nous avons régulé ou encore nous nous sommes adaptés aux tendances mondiales… Internet n’est même pas sécurisé et dire que l’on  peut contrôler ce métier alors que le nouveau texte n’exige même pas une adresse physique au distributeur licence B!».  Le département de Mohamed Sajid déclare être compréhensif face à cette situation. «Nous comprenons le malaise des professionnels qui voient en l’intégration des «onliner» (agents en ligne) une menace. Or, le nouveau texte leur offre une opportunité pour libérer leur potentiel. Il est temps de banaliser l’acte d’achat et permettre aux consommateurs d’avoir une information fiable avec plus de proximité», précise Mehdi Taleb.

Se référant à la tutelle, le nouveau texte devrait permettre aux agences d’optimiser leur façon de faire, favorisant ainsi la diversification des ressources et offrant au consommateur un écosystème verrouillé et régulé.  Le cadre juridique en cours d’adoption permet aux agences existantes de se focaliser sur leur corps business, à savoir le design du voyage. Ces dernières peuvent, par ailleurs, concevoir des packages et se greffer à des réseaux déjà existants tels que Barid Bank pour une commercialisation élargie. «Que d’opportunités d’investissement qui s’ouvrent aux professionnels! C’est la vocation même de la vision du secteur. La réglementation n’est qu’un outil au service de la stratégie de la distribution et de la promotion du voyage. C’est un levier également pour l’amélioration du climat des affaires et de la création des entreprises, par conséquent de l’emploi», explique le représentant du ministère.  Notons que le projet de loi prévoit un programme d’accompagnement pour la fédération afin de se structurer et mettre en place un catalogue de service au profit de ses membres. Les opérateurs seront également assistés pour améliorer leur capacité à s’exporter, consolider leur présence sur le digital et mettre en place un plan de formation pour renforcer les compétences de leurs salariés.

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