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Mohamed Maarouf : «Nos produits ne sont pas chers»

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Mohamed Maarouf, directeur général de BTI Bank

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Nous avons  fait un grand effort  pour fournir aux Marocains un secteur bancaire de finance participative qui est compétitif au niveau coût et produit. Ce qui n’est pas le cas pour les autres pays où cette finance a été nettement plus chère au démarrage avant d’atteindre des économies qui lui ont permis d’être compétitive.

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ALM: Quelles sont vos appréciations par rapport  au démarrage de la finance participative au Maroc? Et comment expliquez-vous le retard de certains chantiers liés à cette activité?

Mohamed Maarouf : L’appréciation du retard est relative. Ce qui est important de savoir c’est que nous sommes  en train de bien construire cette industrie et que nous sommes sur la bonne voie. Le Maroc a mis en place, en un laps de temps très serré, 8 nouveaux acteurs financiers qui respectent les normes internationales du banking. Cet exercice n’est pas facile mais a été bien relevé grâce à un bon nombre de facteurs. Citons en premier la qualité du savoir-faire marocain en matière de finances ainsi que la vision et la sérénité de Bank Al Maghrib qui a su mettre en place les instruments fondamentaux  et les structures nécessaires permettant d’assurer une création et une évolution sereines de ce secteur. Il faut également saluer l’effort du Charia Board, qui dans un pays où le Conseil des ouléma traitait des questions religieuses en étant très éloigné du secteur économique, a su rapidement mettre en place une approche ayant abouti à des avis conformes plus proches des besoins des acteurs. De même, la présence d’une organisation de conseil pour un marché vierge est notable. Nous sommes dans un marché doté d’un savoir-faire en termes d’expertise et de conseil qui existe déjà et dont l’expérience est avérée. Nous avons suivi une dizaine de formations de très haut niveau en finance participative avant même le lancement de l’activité. Le marché était en train de préparer une nouvelle génération de banquiers formés à la finance participative.

Est-ce que la clientèle de la finance participative a  toujours des doutes sur la conformité avec la charia ?

La conformité pour nous est un élément moteur sinon nous n’avions pas à choisir d’être une banque participative. Mais nous nous attendions, toutefois, à l’effort que ferait le client pour mieux comprendre les services proposés. C’est une vraie problématique qui nous préoccupait avant le lancement de notre activité. On se demandait quel serait le niveau de sensibilité du client par rapport au fait qu’on soit des filiales de banques conventionnelles et jusqu’où il allait vérifier la conformité.

Donc, vous vous attendiez  à ce que la clientèle soit très sensible à cette question  ?

Je pense qu’au début il y avait plein d’interrogations sur ces aspects mais, du moins pour notre expérience, le débat s’est dépassionné. Les gens ont su faire la part des choses. Quand ils viennent à nos agences c’est pour un besoin financier. Il savent aujourd’hui que la conformité avec la charia est du ressort  du  Charia Board qui dispose des éléments nécessaires pour vérifier cet aspect et en attester.

Les clients ont tendance à comparer les coûts de la finance participative à ceux de la finance conventionnelle. Vos produits sont-ils plus chers que les produits bancaires classiques?

Nos produits ne sont pas chers. Nous sommes globalement sur des dossiers et des risques similaires et ce sur la même intervalle de coûts. Il est utile de souligner que nous avons  fait un grand effort  pour fournir aux Marocains un secteur bancaire de finance participative qui est compétitif au niveau coût et produit. Ce qui n’est pas le cas pour les autres pays où cette finance a été nettement plus chère au démarrage avant d’atteindre des économies qui lui ont permis d’être compétitive.

Comment se caractérise l’offre de la finance participative marocaine?

On vient avec des offres dont la structure est inédite par rapport au fonctionnement juridique, économique  et administratif du Maroc. Un pays qui depuis 60 ans s’est organisé autour d’une finance conventionnelle. L’heure étant d’accompagner les différentes administrations concernées pour qu’elles s’adaptent à ce nouveau type de financement. Il faut laisser faire les choses tout en identifiant les curseurs sur lesquels il faut s’appuyer pour faire vite et toucher le maximum de personnes. Il ne faut pas sous-estimer l’impact favorable que pourraient avoir les instruments des banques participatives à court et long termes. A titre d’exemple, Istisnaa, dans l’avenir, va être un outil puissant qui permettra aux acteurs de s’adapter  aux opportunités amenées par ce produit. Il y a également tout un effort didactique  par la pratique que nous allons avoir avec l’entreprise. Habituée à avoir des relation cash avec la banque conventionnelle , l’entreprise va aujourd’hui entrer dans un cercle vertueux avec des produits adossés à des actifs lui permettant à terme de dégager le cash nécessaire et sortir de ses crises.

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