Economie

Nezha Lahrichi : «La crise a bien montré que le risque zéro n’existe pas»

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ALM : Comment se présente le bilan 2010 de la SMAEX ?
Nezha Lahrichi : Après la zone de turbulences de deux années, les activités reprennent avec le rétablissement progressif de l’économie mondiale. La SMAEX a enregistré une forte demande de couverture de l’ordre de 6 milliards de dirhams, soit un besoin de protection historiquement élevé. Celui-ci s’explique par la perception de l’utilité de l’assurance-crédit qui permet de se couvrir contre le risque de non-paiement des créances commerciales sur les clients étrangers. La crise a bien montré que le risque zéro n’existe pas et que des entreprises prestigieuses peuvent faire faillite. Ainsi, les capitaux assurés ont, ainsi, augmenté de 16,7% par rapport à 2009 et de 13,4% par rapport à 2008. Autrement dit, leur niveau est supérieur à celui d’avant crise.   

Comment évolue le secteur de l’assurance à l’exportation au Maroc ?
Deux éléments sont à préciser pour apprécier le secteur de l’assurance à l’exportation. Le premier est qu’il faut se référer, non pas à la valeur des exportations totales, mais à celle des exportations assurables. Cela suppose la prise en considération des exportations réelles après déduction des admissions temporaires, avec et sans paiement. Celles-ci représentent, à grands traits, près de 70% des exportations totales. Ensuite, il faut retrancher les échanges entre filiales et sociétés mères, les paiements au comptant et les exportations de phosphates en tenant compte des admissions temporaires pour la fabrication des produits dérivés, engrais et acide phosphorique. C’est pour dire que les exportations assurables constituent un marché plutôt restreint mais appelé à se développer avec les effets attendus des différents plans sectoriels. Il faut souhaiter que l’offre exportable à venir comporte plus de valeur ajoutée que celle d’aujourd’hui. Le second élément concerne la structure de notre tissu productif composée en grande majorité de PME qui ne disposent pas de l’encadrement nécessaire pour souscrire une police d’assurance crédit plutôt compliquée et qui ont du mal à sortir des schémas de financement classiques. C’est pourquoi la SMAEX a lancé un produit simplifié dédiée à la PME pour lui ouvrir les portes de l’international et démocratiser l’accès à l’assurance-crédit.

Vous venez de signer récemment une convention avec le conseil régional de l’Ordre des experts-comptables de Casablanca. Pouvez-vous nous éclairer dessus?
Nous avons signé une convention avec l’Ordre des experts-comptables parce que nos missions se croisent dans le sens de la sauvegarde de la pérennité des entreprises dont ils sont les meilleurs conseillers. En effet, le poids du poste client de l’entreprise dans le total du bilan est important, il approche les 40% et a donc besoin d’être sécurisé pour éviter que les impayés ne mettent en péril l’entreprise et ses employés. Avant de signer la convention, nous avons organisé un séminaire de sensibilisation avec l’Ordre des experts- comptables pour rappeler l’intérêt du crédit inter-entreprises et le rôle qu’il joue en cas de restrictions du crédit bancaire comme pendant la crise marquée par la raréfaction des liquidités. Mais, il suppose la maîtrise du risque client qui passe par sa couverture. C’est dans ce cadre que la SMAEX offre une gamme de produits d’assurance à l’exportation qui couvre le risque commercial à court terme mais aussi, ce que le marché ne couvre pas, à savoir les risques politiques, le crédit à moyen terme, le risque d’échec de prospection commercial, etc. et ce à travers l’assurance publique que la SMAEX gère pour le compte de l’Etat.

Quelles sont vos perspectives chiffrées pour 2011?
Nos perspectives chiffrées dépendent de la demande adressée au Maroc et du comportement du commerce international qui connaît des sur-réactions, à la hausse comme à la baisse, par rapport aux variations de l’activité. En effet, sa forte chute de 12% en 2009 pour un recul de la croissance économique de 2,4% a été rattrapée en 2010 où il a retrouvé son niveau d’avant crise. Autrement dit, la prévision d’augmentation des capitaux assurés se situe dans une fourchette de 10 à 15% compte tenu des événements qui secouent le monde et qui font augmenter le risque-pays qui s’est détérioré même dans les pays européens. D’ailleurs, il y a une convergence des notes attribuées aux pays avancés et aux pays émergents. Le printemps sur le plan politique est un hiver sur le plan économique comme l’illustre le cas tunisien, à court terme heureusement, car à moyen et long terme, les perspectives sont meilleures si la démocratisation tient ses promesses.

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