Economie

Nuitées : Polémique à Marrakech

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Des hôtels à Marrakech se livreraient à la pratique du bradage sous la pression de quelques TO qui profitent de la baisse de l’activité pour vendre à des prix de plus en plus bas. C’est ce qui se murmure ici et là, dans les couloirs des établissements de la ville ocre déjà tournés vers l’après Ramadan et les fêtes de fin d’année qui, d’après les réservations, s’annoncent bonnes. En attendant, le débat sur le bradage des prix enfle. La plupart des professionnels mettent en cause des TO généralistes. Pour Fadel El Hafed, président de la commission “promotion” au CRT de Marrakech, il s’agit d’un faux problème : «Je ne vois pas de bradage de prix à Marrakech. Il faut comprendre que les TO, nos partenaires, ont des avions « charterisés » sur l’année. Ils prennent des options, des engagements et sur les sièges des avions et sur les chambres d’hôtels. Ils doivent payer même s’ils se retrouvent face à des invendus. Donc la logique commerciale veut qu’ils vendent même avec une décote pour limiter leurs pertes. C’est ainsi que cela se passe dans le monde entier. A Marrakech nous ne sommes pas dans cette situation. Cela dit, je pense que, pour l’hôtelier, mieux vaut laisser le chauffage et la climatisation tourner, vendre à perte que de garder toute une aile fermée. En Turquie, on vend actuellement une chambre d’hôtel 3 étoiles à 9 euros ! A l’hôtel Sheraton, le plus grand établissement marocain en activité, avec 700 chambres le directeur général, l’Egyptien Amr Kallini, a lui aussi son avis sur le phénomène : «nous avons signé un contrat de minimum garanti avec un grand voyagiste. Naturellement ce n’est pas du goût de tout le monde, des concurrents en particulier. Nous avons proposé un certain nombre de chambres à des tarifs intéressants. Notre hôtel est d’un bon standing, 5 étoiles et plus avec 80% des chambres remises à neuf. Pourquoi allons-nous brader nos produits ? »… N’empêche, certains continuent de pointer du doigt un certain nombre d’établissements dont le Sheraton Marrakech. «Nous sommes solides par rapport au marché, avec le meilleur rapport qualité-prix. Malgré l’extension de notre établissement, le tarif moyen de notre hôtel s’est accru de 15%. L’an dernier, nous avons vendu 69.000 nuitées. Cette année, nous espérons arriver à 98.000, soit 29.000 de plus qu’en 2002. Ce n’est pas du tout évident dans une conjoncture difficile de faire une augmentation de 42%». Et d’ajouter : «ce sont les congrès qui nous ont boostées. Si Marrakech veut devenir une ville de congrès, il lui faut résoudre les problèmes des infrastructures. Un hôtel qui veut se positionner sur ce créneau doit d’abord disposer d’une bonne assise. Nos 700 chambres nous permettent d’organiser des événements de 370, 400 chambres. C’est un atout. Et cela augmente nos tarifs moyens»… N’empêche, ailleurs dans les marchés émetteurs, on continue de vendre Marrakech à des prix défiant toute concurrence, suivant la logique du marché. Un TO connu de la place propose de Paris, via Internet, 7 nuits en hôtel cinq étoiles à Marrakech à 390 euros, vols et transferts compris. C’est d’autant plus paradoxal que la ville est loin d’être dans une situation de forte baisse. Durant le dernier mois d’août, les nuitées qui ont atteint 345 733 étaient en augmentation de 5,2%. La chute des arrivées que l’on craignait tant s’est limitée finalement à 0,46%. Trop peu pour expliquer des baisses massives ! Donc la polémique d’après un opérateur qui requiert l’anonymat provient «de certains TO en rupture de contrat». «Les prix promotionnels de Marrakech sont effectivement bas. En déduisant les primes reversées aux TO et les différentes charges, la part qui va à l’hôtelier serait minime. Seulement c’est un faux raisonnement : l’hôtelier qui dispose d’un contrat minimum garanti perçoit son dû à hauteur de l’engagement du TO. Celui-ci se retrouve dans une logique de limitation de coûts.» Bref, débat de mécontents ou pas, la situation n’est pas sans poser le problème de l’urgence de la diversification du produit Marrakech qui, à l’instar de ceux de tout le Maroc, doit faire jouer la concurrence à l’amont, au niveau des Tours Opérateurs et éviter ainsi la situation de monoculture. La question, dans ce cadre, est de savoir jusqu’où un hôtelier peut résister actuellement à la pression des TO? Jusqu’où un 5 étoiles peut baisser ses prix ? Le débat est ouvert.

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