Les négociations du cycle de Doha ont repris de manière modestement technique la semaine passée. Ils n’en sont pas encore au stade de revêtir un caractère formel, a averti Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) : «c’est du travail de cuisine et les ministres qui prennent les décisions finales n’ont pas encore été invités dans la salle à manger», a-t-il ironisé. Mais selon lui, la période d’interruption a permis de faire prendre conscience aux membres de l’OMC des risques encourus par l’économie mondiale en cas d’échec du cycle. «Les pays en développement étaient les "plus acharnés" pour ce redémarrage», a-t-il dit. Pascal Lamy juge par ailleurs «crucial que les contacts bilatéraux parmi les membres continuent à permettre de confronter les chiffrages et explorer l’étendue des concessions». Mais le risque de voir l’Europe et les Etats-Unis continuer à s’accuser mutuellement de ne pas faire suffisamment d’efforts pour libéraliser le commerce demeure élevé. D’ailleurs depuis quelques mois, les projets d’accords de libre-échange, alternative un peu honteuse au multilatéralisme défendu par l’OMC, se multiplient. L’Europe n’échappe pas à l’engouement pour les accords de libre-échange, signe d’une grande désespérance sur le front de l’OMC. L’Union pourrait approuver dès le 6 décembre cinq mandats de négociations avec l’Asean, la Corée, les pays andins, ceux d’Amérique centrale et l’Inde. Ceux-ci seraient ensuite examinés par les groupes régionaux compétents au sein de l’Union et par le "Comité 133", hauts fonctionnaires européens compétents en matière commerciale. Leurs conclusions seront ensuite soumises au Conseil des affaires générales vraisemblablement en mars, voire avril.
• Source : La Tribune