L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ne se fait pas de soucis quant à la situation actuelle du marché pétrolier. Elle en est même satisfaite. Pour Ali Al-Nouaïmi, ministre du Pétrole d’Arabie Saoudite, premier producteur de l’Opep, «le marché est très à l’aise et bien approvisionné». Il n’est pas le seul de cet avis : les représentants émiratis Mohammad al-Hamili, libyen Choukri Ghanem et algérien Chakib Khelil ont tous jugé samedi que l’Opep n’aurait pas besoin d’infléchir sa politique pour les mois à venir. Ces premières déclarations devraient conforter les analystes dans leur idée que le cartel ne modifiera pas son plafond de production, fixé à 28 millions de barils par jour (mbj) depuis juillet 2005.
Le brut a atteint vendredi en séance à New York son niveau le plus bas depuis le 5 avril à 66 dollars, soit plus de douze dollars en dessous du record historique de 78,40 dollars enregistré à la mi-juillet.
M. al-Nouaïmi s’est voulu rassurant face à cette chute : «J’ai dit que le marché était en train de se stabiliser. Je crois que les gens sont très satisfaits de l’offre, donc pourquoi devrions-nous être inquiets?», a-t-il relevé. Mais le président en exercice de l’Opep, le secrétaire d’Etat nigérian aux Ressources pétrolières, Edmund Daukoru,
s’est au contraire dit «très préoccupé». «Nous ne savons pas jusqu’où les prix vont aller et nous devrons examiner cela en profondeur», a-t-il dit.
«Je ne sais pas ce que nous allons conclure, mais nous produisons systématiquement plus que les quotas», a-t-il encore relevé. «Chaque fois que nous avons voulu revoir la position de l’Opep à
cause de la situation géopolitique, nous avons remis à plus tard et
nous sommes plus ou moins en pilotage automatique. Nous allons devoir reprendre les commandes manuelles», a-t-il déclaré.
Même à un tel niveau de cours, l’Opep continue d’engranger d’importantes recettes pétrolières, et a moins de chances de se voir clouée au pilori par les pays consommateurs inquiets pour leur croissance économique, soulignent les analystes.
Le cartel a fréquemment répété ces derniers mois qu’à plus de 70 dollars, les cours étaient certes élevés, mais qu’il ne pouvait faire plus pour apaiser les tensions du marché, car celles-ci sont dues à d’autres facteurs comme le manque de capacités de raffinage ou à la crise autour du programme nucléaire iranien. C’est notamment l’apaisement relatif dans ce dossier qui a permis le recul des cours ces derniers jours. Les onze pays de l’Opep produisent environ 40% du pétrole mondial. Les autres ministres étaient attendus samedi soir ou dimanche pour de premières consultations bilatérales avant la réunion formelle prévue lundi. Autre facteur de baisse des cours, les stocks américains sont abondants, et aucun cyclone n’a pour l’instant frappé le golfe du Mexique.