Economie

Pourquoi la CDG s’offre le Club Med

© D.R

Henry Giscard d’Estaing est le premier  à être visiblement pris de court en apprenant, vendredi 9 juin 2006, à la veille de  la réouverture de l’unité d’Agadir,  la nouvelle du  désengagement du groupe Accor dans le capital de Club Méditerranée S.A. Le  patron de la marque au trident qui assistait au milieu de 500 invités à cet événement  qui marque aussi les 40 ans de présence de  Club Med dans cette station balnéaire marocaine très prisée, écarte pourtant tout problème entre Accor et le Club Med.
Le groupe hôtelier français cède en effet 22,9% des 28,9% des parts  qu’il avait acquises il y a à peine deux ans. Accor ne détient plus que 6% du capital du Club.
Un désengagement qui provoque une nouvelle réorganisation avec à la clé quatre nouveaux entrants dans le tour de table. Le  groupe marocain,   la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) acquiert incontestablement une dimension internationale en se positionnant avec 10%  via sa filiale Fipar Holding. Cette opération valorise ainsi ses participations dans Club Med Maroc qu’il contrôle à hauteur de 60% par le biais d’un fonds d’investissement dénommée SIM (Société immobilière de la Mer) auquel participe la Banque Européenne d’Investissement.
Autre nouvel entrant mais qui n’a pas encore revélé son identité, le groupe immobilier Icade, filiale de la Caisse française de dépôt et de consignation  qui s’empare de 4%. Pour sa part, le groupe Air France-KLM, transporteur officiel de Club Med,  s’arroge, avec 2%,  un droit de regard dans les décisions stratégiques qui seront prises au Conseil d’administration.
Reste ces fameux  6,9% encore non cédés mais qui  pourraient revenir à un groupe immobilier marocain. La cession interviendrait dans les prochains jours, «le temps de laisser le marché digérer», tempère un analyste qui suit de près le titre Accor.
L’éventualité de la présence d’un groupe immobilier marocain, ne nous a pas été confirmée au  niveau d’Accor. Seule précision faite par communiqué : ce reliquat de 6,9% sera  cédé prochainement «au mieux des   intérêts» de l’hôtelier français. Dans ce cadre, un accord de cession portant sur 1,5% a d’ores et déjà été conclu avec Generali France. Ce remue-ménage s’accompagne de la signature d’un pacte d’actionnaire entre la CDG, Accor, Air France, Icade, Generali, Nippon Life et Rolaco.
Objectif de ce pacte qui concerne  35% du capital, apporter   le soutien à la stratégie de la société et à son management. Ce pacte verrouillé prévoit une clause de lock up et standstill de deux ans. A noter que le flottant, constitué de 40,9% du capital est contrôlé majoritairement (25%) par Richelieu Finance.
Sur le fond, cette décision stratégique entraîne plusieurs interrogations quant à ses vrais motifs. «Avec 29%, c’était soit trop, soit peu» souligne un responsable du groupe hôtelier français. Une thèse qui épouse celle de Gilles Pelisson, P-dg d’Accor, arrivé au début de l’année et pour qui il fallait soit pousser plus haut et contrôler le Club Med, soit se retirer mais tout en consolidant les synergies entre les deux groupes.
Cette synergie (en deçà des prévisions)  qui  concerne les pôles achats et commercialisation devrait faire économiser aux deux partenaires 26 millions d’euros (260 millions de dirhams) au titre de l’exercice en cours. Afin de pérenniser cette synergie, Accor et Club Med ont signé un accord de trois ans renouvelables dans les deux domaines cités ci-haut. D’autres membres du groupe hôtelier français mettent ce désengagement sur le compte des disparités entre les activités des deux partenaires : «Club Med s’est spécialisé dans le loisir familial haut de gamme et le All Inclusive (qui n’est pas gagné). Pour sa part, Accor met en avant les marques (loisirs, thalassothérapie) et les prestations hôtelières à la carte». Des différences qui étaient aussi valables il y a deux ans .
L’on ne peut pas soupeser quand même, explique cet analyste de la Bourse, que l’intérêt d’Accor dans cette affaire soit la recherche d’une plue value. Acquis en octobre 2004 au prix de 45 euros par action, les titres  sont  cédés aujourd’hui à 44,9 euros (cours du 8 juin 2006).
A moins de s’en tenir aux déclarations très officielles de Gilles Pelisson, à savoir qu’«après la cession des titres Compass, de la Participation dans Carlson Wagonlit Travel, ce mouvement est un nouveau recentrage d’Accor dans ses cœurs de métiers, l’hôtellerie et les services». Ce repositionnement vers l’hôtellerie et les tickets restaurants devront logiquement renforcer d’un autre côté, les liens entre Accor et Le Nôtre, traiteur officiel de la Coupe du Monde 2006.
Reste à savoir maintenant à qui profitera l’argent dégagé de cette cession. Cité par un important cadre du Groupe, Gilles Pelisson répond dans cet ordre : pour investir en Chine, en Europe de l’Est et au Maroc. L’investissement prévu d’ici 2010 est de 3 milliards d’euros.
Fort du succès de l’introduction de  Risma,  le Royaume sera d’ailleurs l’un des grands thèmes de la rencontre des 250 cadres et dirigeants d’Accor, les 2 et 3 juillet. Les curieux remarqueront que lors de l’annonce de l’entrée d’Accor dans le capital de Club Med, M. Henry Giscard d’Estaing était aussi au Maroc, pour inaugurer un village (Club Med de la Palmeraie à Marrakech).  La prochaine visite au Maroc du fils de l’ancien président français sera sans doute très suivie par les boursicoteurs. 

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