Economie

Qui a volé l’orange nationale ?

© D.R

Mais où sont passés donc Boustane, Chemsi et autres Miami ? Depuis plusieurs semaines, le jus d’orange local se fait rare, voire inexistant. Que ce soit dans les grandes surfaces, les commerces ou les épiciers, le constat est le même, avec le même mot d’ordre : rupture de stocks. Cette situation est d’autant plus bizarre que cette rupture est intervenue durant Ramadan, période durant laquelle le jus d’organe est fortement demandé. Déjà la baisse de l’offre du produit a été perceptible depuis plusieurs semaines auprès de plusieurs points de distribution.
Aujourd’hui dans la plupart des points de ventes, les fournisseurs ne livrent plus de jus d’orange locaux. En même temps, les jus importés ont investi les lieux. Divers produits, provenant notamment du Moyen-Orient, se sont imposés sur le marché. Comment expliquer cette carence dans un pays réputé comme un gros producteur d’oranges ? Pour Abderazak Mouissat, président de l’association des producteurs d’agrumes du Maroc (ASPAM), l’origine du problème est le fruit de la conjugaison de plusieurs facteurs. En premier lieu, les difficultés que connaît Frumat, actuellement à l’arrêt. L’entreprise, pour rappel, se déploie sur trois usines et totalise 90 % de l’offre locale. Les usines « Frumat » sont confrontées, depuis les années 90, à des difficultés financières liées notamment à la faiblesse des quantités acheminées vers les unités de transformation et à la chute des prix de vente du jus concentré sur le marché international. Des professionnels ajoutent à cette liste la mauvaise gestion et l’approche de rente qui a longtemps prévalu dans le fonctionnement de cette entreprise. L’Etat avait initié, depuis 1998, un programme de restructuration basé sur l’augmentation du capital de la société et la subvention des prix appliqués aux producteurs.
En vain. La compagnie a connu à nouveau une situation difficile à cause des faibles quantités transformées (18.000 tonnes en 2001-2002 pour une capacité de transformation annuelle de 200.000 tonnes).
Ce qui est certain, c’est qu’aucun autre opérateur n’est en mesure de prendre le relais de Frumat dans l’immédiat. Le gouvernement table aujourd’hui sur la réalisation d’un projet intégré regroupant ces usines et des unités de production de la région du Gharb comme ultime solution. Mais les déboires de la Frumat n’expliquent pas tout. Le marché des jus se caractérise surtout par une instabilité chronique à cause de l’état volatil de l’approvisionnement, le coût de la ressource et la concurrence déloyale des produits étrangers, qui devrait s’accentuer avec l’ouverture des frontières. En chiffres, le Maroc produit entre 1,1 et 1,4 million de tonnes par an. Pas moins de 500 000 tonnes vont à l’export. Entre 600 000 et 750 000 sont destinées au marché local frais. Le reste va à la transformation. Alors, trouvera-t-on demain du jus d’orange marocain dans les commerces ? M. Mouissat affirme que la situation de pénurie devrait durer encore, au risque même de s’installer durablement. Mais il reste optimiste quant à l’avenir. « D’après mes informations, des opérateurs étrangers comptent reperdre en main la compagnie. La mise à niveau devrait permettre au secteur de reprendre son souffle». Pour lui, comme pour le gouvernement, la restructuration de la Sogeta et de la Sodea constitue une occasion propice pour la réalisation du projet intégré de la compagnie Frumat. Mais, dans l’immédiat, aucun autre opérateur n’est en mesure de prendre son relais. Après avoir été trop pressée, l’orange nationale risque désormais de devenir un vestige du passé. Dommage.

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