Economie

Rapport: Efficacité énergétique, le Maroc peut mieux faire

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La poursuite de l’élimination des subventions aux carburants, une des recommandations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), risque d’en fâcher plus d’un. «Ce n’est pas possible de le faire du jour au lendemain, mais c’est une démarche qui demeure importante puisqu’elle permet de diminuer les coûts de l’importation», a précisé Maria Van Der Hoeven, directrice exécutive de l’AIE, lors d’une conférence de presse ayant suivi, vendredi à Rabat, la présentation du rapport consacré par son agence à la stratégie énergétique du Royaume.   

Le ministre de tutelle marocain a abondé dans ce sens de décompensation progressive et à long terme. Abdelkader Amara a, à cet égard, conduit l’exemple du butane. «Nous l’avons fait avec les carburants, mais le butane mérite une approche différente», a indiqué le ministre de l’énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement qui a rappelé que d’aucuns profitent du subventionnement du butane par l’Etat pour des fins économiques.

Pour se passer relativement du gaz du butane, le gouvernement envisage d’encourager l’efficacité énergétique en incitant à l’utilisation du pompage et chauffage solaires. «Ce n’est pas pour tout de suite et ce n’est pour tout le monde», a précisé le ministre qui discute, avec les autres départements concernés, d’un mécanisme de ciblage.

Outre la décompensation progressive des hydrocarburants, l’AIE recommande l’utilisation des technologies photovoltaïques, à travers l’accélération des chantiers de la moyenne et de la basse tension en cours de mise en place par le Maroc y compris l’accès au réseau. «Le Maroc ne doit pas se priver des photovoltaïques de par leur impact sur la consommation et les investissements et la facture qui se voit allégée», a expliqué M. Amara qui a enchaîné que le changement des tarifs devrait inciter à la basse consommation.

A propos de l’efficacité énergétique, le ministre incite les consommateurs à «regarder ce qu’ils achètent comme appareils électroménagers par exemple». En d’autres termes, les consommateurs devraient vérifier si le produit présente des avantages en termes d’économie d’énergie.

Ceci étant, la cérémonie consacrée à la présentation du rapport, considéré le premier examen par l’AIE de la politique énergétique du Maroc, ainsi que la première étude d’un pays appartenant à la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, a été marquée par la présence d’Abdelilah Benkirane. Le chef de gouvernement a mis l’accent sur l’importance que revêt cet évènement en ce sens qu’il est le premier du genre à réunir l’ensemble des acteurs nationaux et internationaux, économiques, politiques et sociaux, autour d’une thématique à dimension stratégique, à savoir l’énergie qui constitue un levier fondamental de développement économique et social.

Comme il a rappelé les grandes réformes que connaît le Maroc dans plusieurs domaines et qui font de lui un pays modèle à l’échelle régionale eu égard à sa stabilité et son ouverture économique. Les notations des différentes agences spécialisées le confirment. Et pour abonder dans le sens de l’événement auquel il a pris part sans être connaisseur en la matière, selon ses propos, M. Benkirane a évoqué le contrat-programme avec l’ONEE. «J’ignorais que ce contrat allait donner aussi vite des résultats positifs, et résoudre un déficit de 23 milliards de dirhams. Je pense qu’il faut prendre les décisions qui s’imposent», a-t-il estimé.

Une autorité indépendante pour réguler l’énergie

L’AIE a insisté, dans son rapport, sur l’accélération de la mise en place d’une autorité indépendante de régulation de l’énergie. Le but étant de superviser un marché de l’énergie encore plus ouvert et d’encourager une utilisation plus importante du gaz et le maintien de la confiance des investisseurs étrangers ainsi que de l’industrie nationale. Pour rappel, le Maroc avait largement libéralisé son marché des produits pétroliers. Il a privatisé le secteur de la distribution en 1995 et permis les importations en franchise de droits à partir de 2002. Le premier accord portant sur un fournisseur d’énergie électrique à capitaux étrangers (à Jorf Lasfar) date de 1994. En 1995 un plan d’interconnexion électrique a été élaboré avec l’Espagne qui est devenue pleinement opérationnelle (capacité de transit de 1.400 mégawatts en 2005). Une troisième interconnexion est prévue, selon M. Amara, avec ce pays.

Un plan national d’efficacité énergétique

La directrice exécutive de l’AIE a également recommandé le lancement d’un plan national d’efficacité énergétique. Outre ce dispositif, le pays dispose d’un cadre juridique et institutionnel. L’objectif étant de mettre en œuvre des normes plus strictes d’efficacité énergétique et permettre à l’industrie privée d’alimenter le réseau.

Cet arsenal vise aussi à créer les bases d’une autorité de régulation du secteur de l’électricité et du gaz, voire soutenir les programmes d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables. Ledit cadre stipule, de même, la promotion de l’énergie solaire et l’encouragement de la recherche et développement. Ces programmes sont déjà mis en place et financés. Comme ils ont tendance à avoir un impact sur le secteur de l’énergie renouvelable dans son ensemble, ainsi que sur l’activité de recherche et de développement du pays.

Le satisfecit de Amara

Le ministre de l’énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement a estimé lors de la présentation du rapport de l’agence que les recommandations concrètes, qui en ressortent, confortent les choix stratégiques du Royaume. Ces recommandations sont, à ses yeux, de nature à accélérer la mise en œuvre des programmes et chantiers engagés pour assurer la transition énergétique du Maroc. Il a rappelé que cet examen effectué par l’AIE, en tant que plus haute instance internationale dans le domaine de l’énergie, constitue un appui et une nouvelle promotion de la stratégie énergétique nationale auprès des institutions et des investisseurs internationaux. D’ailleurs l’Union européenne a apporté sa part au lot en allouant 136 millions d’euros au secteur. Pour information, la cérémonie de présentation de l’étude de l’AIE coïncide, selon M. Amara, avec deux manifestations de grande importance: la présentation du secteur énergétique du continent africain à l’horizon 2040, le 13 octobre dernier, et la présentation du World Energy Outlook 2014 le 12 novembre prochain.

Les avantages de l’efficacité énergétique

Les bénéfices à tirer d’une amélioration de l’efficacité énergétique sont évidents. Celle-ci permet la maîtrise des coûts de l’énergie, le maintien de la compétitivité industrielle et la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Aussi les technologies renouvelables offrent une compétitivité accrue qui doit être reconnue et intégrée dans le cadre d’une approche plus souple et innovante, notamment dans le domaine du photovoltaïque. De surcroît, la restructuration du secteur de l’énergie constituera une étape importante dans le processus de libéralisation du marché de l’électricité. A commencer par la réorganisation interne du fournisseur national d’électricité. D’ailleurs, la directrice exécutive de l’AIE a recommandé la séparation de la production et la distribution à l’ONEE.

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