Economie

Relations Maroc-Afrique: La recette miracle de Boussaid

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Il faut élaborer de véritables stratégies pour une plus grande intensification des relations économiques du Maroc avec les pays du continent. C’est la conclusion à laquelle est parvenu le ministère de l’économie et des finances dans son étude titrée «Relations Maroc-Afrique: L’ambition d’une nouvelle frontière». En effet, le rapport réalisé par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) relevant du département de Mohamed Boussaid, revient sur l’importance primordiale du développement des relations du Maroc avec ses confrères africains à travers la consolidation des relations politiques et l’établissement de partenariats diversifiés et féconds.

Dans ce sillage, l’étude relève que les transformations profondes que connaît l’espace économique africain et les avancées enregistrées sur le plan de la croissance augurent de perspectives positives. De plus, le rythme de croissance sur la dernière décennie s’est élevé à une moyenne de 5% par an pour l’ensemble du continent et cette tendance devra se consolider davantage à l’avenir. À ce titre, le Maroc pourra intégrer cette dynamique à travers la mise en place d’une stratégie de coopération Sud-Sud plus adaptée et ciblant prioritairement son voisinage subsaharien.

Cependant, la DEPF souligne que l’efficacité des accords de coopération du Maroc avec ces pays demeure confrontée à plusieurs entraves qui tiennent aussi bien aux insuffisances structurelles spécifiques aux pays en développement qu’au manque d’information des opérateurs marocains au sujet du cadre préférentiel du commerce avec les pays partenaires. De plus, les mesures non-tarifaires et la multiplicité des régimes fiscaux entre les pays sont de nature à augmenter les coûts de transaction afférents aux échanges extérieurs entre les deux partenaires.

Par ailleurs, la progression soutenue des échanges entre le Maroc et ses partenaires africains durant la période 2000-2012 permet à la DEPF de suggérer qu’un potentiel de développement du commerce existe bel et bien. Par contre, la faible intensité bilatérale des échanges du Maroc avec ses partenaires africains met en exergue la nécessité de résorber les contraintes structurelles (institutionnelles, politiques et logistiques) qui pèsent sur l’expansion des relations de coopération commerciale avec ces pays et ce, dans un souci d’élargissement de la géographie des échanges du Maroc et de diversification des sources de croissance de son commerce extérieur et au bénéfice mutuel des partenaires.

Pour le ministère, le marché africain peut s’avérer porteur pour les entreprises exportatrices marocaines pourvu que celles-ci adoptent une stratégie d’adaptation à la demande d’importation de cette région. «Les entreprises marocaines, ciblant le marché africain, devraient privilégier une stratégie de pénétration basée sur des considérations de coûts à partir de choix sectoriels ciblés en fonction de l’évolution des besoins actuels et surtout futurs des populations africaines, l’essor démographique, la montée des classes moyennes et l’urbanisation rampante du continent sont autant de facteurs à prendre en considération pour anticiper la configuration ascendante de ces économies en voie d’émergence», souligne la DEPF dans son étude. C’est donc une stratégie à long terme qu’il convient de concevoir pour anticiper les évolutions positives et les dynamiques de transformations économiques, sociales et culturelles qui se profilent à l’horizon en Afrique subsaharienne.
 

Échanges commerciaux : Une progression insuffisante

Malgré leur nette progression sur la dernière décennie, les échanges commerciaux du Maroc avec les pays africains reproduisent les mêmes faiblesses qui caractérisent les relations commerciales entre les pays du Sud. Sur la période 2003-2013, le montant global des échanges commerciaux du Maroc avec le continent africain a augmenté de 13% en moyenne annuelle pour se situer à près de 36 milliards de dirhams en 2013, représentant environ 6,4% de la valeur totale des échanges extérieurs du Maroc contre 4,6% en 2003.
 

Des secteurs mal exploités en export

L’examen des échanges commerciaux par secteur entre le Maroc et ses partenaires africains en 2012 permet de relever les remarques suivantes :
 

Les ventes de produits agricoles sur le marché africain n’ont pas dépassé 1,5% de nos exportations globales de ces produits.

L’essentiel des achats africains de textile s’effectue auprès de la Chine, de l’Inde et de la France. Le Maroc est faiblement présent sur le marché africain, sa part de marché ne représente que 0,2% des importations de textile-habillement de cette région.

Concernant les produits chimiques, les exportations marocaines à destination de l’Afrique subsaharienne n’ont représenté que 0,8% des importations globales de l’Afrique de ces produits.
C’est dire que les exportations marocaines à destination de l’Afrique subsaharienne restent en-dessous de leur potentiel réel.

Les banques marocaines cartonnent en Afrique

La répartition sectorielle des investissements directs marocains en Afrique indique que la moitié des flux sortants des IDE marocains entre 2007 et 2012 concerne le secteur des banques (52%), suivi des télécommunications (32%), des holdings (7%) et de l’industrie (3%). La structure des investissements directs marocains par secteur reste similaire pour l’Afrique et pour l’Afrique subsaharienne, qui a absorbé l’essentiel des flux adressés vers le continent sur la même période. Les investissements en Afrique subsaharienne portent sur un ensemble diversifié de secteurs mais demeurent l’apanage d’un cercle restreint d’investisseurs, principalement Maroc Telecom, Attijariwafa bank, BMCE Bank, la BCP, Managem, la RAM et Ynna Holding.

L’Afrique représente 8,8% des exportations du Maroc

 

Sur la période 2003-2013, les exportations du Maroc vers le continent africain ont progressé de 16% en moyenne annuelle pour atteindre 16,3 milliards de dirhams en 2013, représentant 8,8% des exportations totales du Maroc contre 4,2% en 2003. Elles sont constituées essentiellement d’alimentation, boissons et tabacs (28% en 2013), de demi- produits (23%), de produits finis d’équipement industriel (17%), de produits finis de consommation (16%) et d’énergie et lubrifiants (12%). De leur côté, les importations ont augmenté de 12% en moyenne annuelle pour s’établir à 19,8 milliards de dirhams en 2013, soit une part de 5,2% du total des importations du Maroc contre 4,8% en 2003. Leur structure montre le poids important des achats de produits énergétiques (60% en 2013), suivis des demi-produits (13%) et de produits alimentaires, boissons et tabacs (13%).
 

Plusieurs facteurs pénalisent les échanges

Malgré les progrès substantiels réalisés, les politiques commerciales de l’Afrique subsaharienne restent relativement protectionnistes. Les pays africains ont en commun une tradition de forte emprise de l’Etat sur l’économie, cohérente avec le modèle de développement autocentré qu’ils avaient généralement adopté. Selon le FMI, les régimes commerciaux en Afrique restent plus restrictifs que ceux d’autres régions. Les droits de douane, variable la plus couramment utilisée pour mesurer le degré de restriction des échanges, sont plus élevés (20% en moyenne) en Afrique que partout ailleurs. Aussi, les mesures non-tarifaires, comme les certificats d’importation, les contrôles qualité imposés parfois aux importations de manière discriminatoire et la multiplicité des régimes fiscaux entre les pays, sont de nature à augmenter les coûts de transaction afférent aux échanges extérieurs, avec un effet négatif sur la compétitivité des industries nationales et sur le volume des échanges. Outre les facteurs non-tarifaires, des problèmes structurels liés notamment à l’infrastructure des transports limitent l’expansion des relations commerciales entre le Maroc et ses partenaires africains. L’absence quasi totale de lignes directes de transport terrestre ou maritime génère des surcoûts et limite incontestablement la compétitivité-prix des produits échangés. Ce handicap est amplifié par les dispositions des accords bilatéraux préférentiels qui soumettent l’octroi des avantages fiscaux à la condition du respect de la règle du transport direct. Dans ce sens, la programmation par la société de transport et de logistique Timar d’une dizaine de camions de 35 tonnes chaque semaine, à partir du Maroc et à destination du Sénégal, serait de nature à promouvoir les échanges entre les deux pays et permettra aussi de gagner en termes de temps et de coûts. De plus, la présence de plus en plus vigoureuse de la RAM sur le continent africain serait de nature à booster les échanges entre notre pays et nos partenaires d’Afrique subsaharienne.

 

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