Economie

Renouveau à Tanger

© D.R

La capitale du Détroit retrouve son sourire. Avec une augmentation des nuitées de 9% en 2003 et 20% cette année, la ville-Tanger se positionne désormais en tant que deuxième destination du pays, après Marrakech. Un classement que ne conteste plus Agadir, engluée dans son «problème allemand».
Cette évolution observée à Tanger porte en elle des qualités et des défauts. Difficile de faire table rase sur l’état de l’infrastructure hôtelière en mal de rénovation. Mais, pour les professionnels de la ville, il faut d’abord prendre le temps de savourer cette reprise inespérée. Car il y a quelques années seulement, le tourisme était presque en hibernation, pour ne pas dire dans le coma.
Aujourd’hui, la reprise est venue comme par magie, d’elle-même. Depuis la fin 2003, la ville d’Ibn Batoutta semble avoir, enfin, retrouvé sa capacité d’attraction d’antan. Même elle est encore loin du compte. Les statistiques parlent toutes d’une évolution à deux chiffres. Pour le grand bonheur des opérateurs qui commencent enfin à solder plusieurs saisons de vaches maigres.
Ne dépassant guère 20% il y a seulement deux ans, les taux de remplissage atteignent actuellement 43% et pour certains établissements n’hésitent pas à percer la barre de 50% non franchie depuis des lustres. Une évolution d’autant plus favorable que l’hôtellerie tangéroise est faiblement endettée.
Contrairement aux deux destinations précitées du Sud, ici les opérateurs s’étant depuis longtemps acquittés de leurs crédits bancaires. «Nous revenons de très loin. Et l’amélioration que connaît le secteur touristique à Tanger est désormais un fait, à maintenir et à développer davantage», affirme Mustapha Boucetta, président de l’Association de l’industrie hôtelière de Tanger (AIHT). Pour lui, cette évolution tient à plusieurs facteurs. A commencer par le regain d’intérêt dont la ville a fait l’objet de la part des pouvoirs publics, après des décennies d’indifférence. Un intérêt doublé d’un effort de rénovation qui a touché plus de 50% de l’infrastructure hôtelière de la ville. La plus grande partie des hôtels, certains par leurs fonds propres, d’autres à travers des programmes comme le Rénovotel, sont soit complètement rénovés, soit en chantier. Seul reste le Solazur, dont la rénovation tarde à voir le jour, même si cet établissement a d’ores et déjà bénéficié du programme précité.
Faisant état de la même évolution favorable que connaît l’activité touristique, Mohamed El Hitmi, président du Centre régional du tourisme (CRT), ne manque pas de souligner l’importance d’un secteur qui emploie plus de 30.000 personnes dans une région où le chômage et le manque de perspectives fait encore plus rage qu’ailleurs. Pour lui, les grands projets structurants en cours dans la région, à l’image du Tanger-Med et des zones franches, ne peuvent aller que dans le sens du renforcement de cette activité. D’où, et de l’avis de tous, l’importance de renforcer davantage l’infrastructure hôtelière de la ville. «Un pôle touristique comme Tanger ne peut rester sans Palais des congrès ». Tanger a aussi besoin de deux ou trois hôtels 5* et d’autant en 4*.
Ce sont là des projets à entamer d’urgence », souligne M. Boucetta. Si des projets d’hôtels ne font pour l’heure l’objet d’aucune communication, il n’est pas moins sûr que les demandes fusent en la matière. « Nous avons tenu une réunion stratégique avec les responsables du Centre régional d’investissement il y a quelques jours afin de mieux canaliser les demandes des investisseurs et mieux y répondre», annonce le président du CRT.
Le Palais des congrès à venir constitue également l’objet de toutes les convoitises, notamment entre les Irakiens qui détiennent le prestigieux El Manzah et les Saoudiens du Movenpick Malabata. C’est l’une des raisons qui serait derrière le retard que connaît la mise en oeuvre de ce chantier stratégique pour la ville. « Avec ce seul projet, vous imaginez le nombre de salons, foires et autres séminaires que l’on peut récupérer de nos voisins espagnols et le profit que l’on pourra en tirer », remarque M. El Hitmi. Et d’insister sur la nécessité, sur le plan stratégique, de faire de Tanger un prolongement de la Costa del Sol espagnole. Et c’est justement ce positionnement stratégique de la ville du Détroit qui fera l’objet d’une étude, menée par le bureau d’études «Tourism and Leisure», basé à Barcelone (Espagne). Une étude dont les premiers éléments, rendus publics jeudi dernier lors d’un réunion au siège de la wilaya de Tanger, font ressortir que cette zone dispose de tous les atouts lui permettant de s’ériger en un pôle touristique de taille à l’horizon 2012. Ce projet a d’ores et déjà identifié quelque 144 segments de marchés touristiques potentiels pour la région de Tanger-Tétouan, en partant des 16 marchés émetteurs dont dispose la région et des 9 principaux produits touristiques qu’elle propose.
Faisant observer que la variété des segments entraîne une grande complexité dans la gestion touristique de la destination, l’étude a mis l’accent sur l’importance pour les professionnels du secteur de se concentrer sur des segments spécifiques et d’identifier des produits précis à commercialiser dans chaque segment.
Le document a particulièrement souligné l’intérêt pour la région de promouvoir le tourisme de croisière, le tourisme culturel, le tourisme balnéaire, le tourisme rural en arrière-pays et le tourisme actif de sport et de nature. C’est dire que tout est possible dans une région aux atouts complexes. Une complexité qui porte en elle les défauts de ses qualités.

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