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Said El Hadi : «Nos actions de formation et d’accompagnement s’inscrivent dans le cadre de l’Initiative Entreprises Climat Maroc»

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Entretien avec Said El Hadi, président de la commission nouvelle économie climat à la CGEM

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Tout en étant un pays semi-aride, le Maroc dispose de ressources renouvelables abondantes. La production d’eau douce pour les besoins agricoles, industriels ou urbains par dessalement d’eau de mer aux moyens d’énergies renouvelables revêt par conséquent un intérêt hautement stratégique pour le pays.

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ALM : Vous êtes à la tête d’une commission CGEM chargée de l’économie verte. Quelques mois après votre prise de fonction, quel état des lieux faites-vous de la situation au Maroc?

Said El Hadi : La commission que j’ai l’honneur de présider a pour mission de projeter l’entreprise marocaine dans la mouvance de la nouvelle économie climatique. Pour cela, il nous revient tout d’abord de bien cerner les enjeux, les politiques publiques en la matière et les leviers d’action disponibles, notamment les outils de financement, tout en positionnant la CGEM en tant que partenaire actif des autorités publiques. Ensuite, nous nous efforçons à accompagner les entreprises par un apport de sensibilisation, d’information et de formation en vue de :

1) les mobiliser à contribuer aux engagements climatiques du Royaume tout en améliorant leur compétitivité, 2) les inciter à anticiper les effets du changement climatique et 3) leur permettre de saisir les opportunités d’affaires offertes par la nouvelle économie climatique.

Les entreprises de toute taille et de tous secteurs d’activité sont, à plus ou moins grande échelle, concernées. Grâce aux récentes stratégies nationales ambitieuses et proactives, notamment sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et à un engagement assez ancien des gouvernements successifs et de la CGEM sur les questions environnementales, il me semble que le tissu entrepreneurial marocain est assez avancé sur ces questions par rapport à des pays à niveau de développement comparable. A ce jour, bon nombre d’entreprises marocaines, de la PME à la Grande Entreprise ont développé des projets visant soit la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (atténuation), soit la diminution de leur vulnérabilité face au changement climatique (adaptation) et beaucoup d’autres projets restent à venir. L’essentiel des projets concerne le recours aux énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique, aux processus d’économie de l’eau ou de traitement et de réutilisation des eaux usées, ainsi qu’à la valorisation des déchets. Il est intéressant d’ailleurs de noter que les entreprises qui ont réalisé de tels projets ont toutes réussi à réduire leurs coûts et améliorer leur compétitivité, ce faisant. Par ailleurs, il faut souligner que des centaines d’entreprises actives dans les nouveaux métiers de l’économie climat ont été créées au Maroc depuis une dizaine d’années.

Parlez-nous un peu de votre commission et son rôle au sein de la CGEM

Cette commission a pour vocation d’accélérer l’émergence d’une Economie Verte faisant converger les intérêts économiques et les préoccupations environnementales tout en améliorant la compétitivité des entreprises. Elle agit également pour encourager l’investissement dans les niches porteuses de la nouvelle économie climat. Le travail de cette commission est articulé autour de cinq axes thématiques :

– L’efficacité énergétique ;

– Les énergies renouvelables et plus particulièrement la production décentralisée ;

– La transition vers une mobilité durable ;

– L’économie bleue avec un focus sur l’utilisation des eaux non conventionnelles (eaux usées traitées, dessalement d’eau de mer) couplée aux énergies renouvelables ;

– La promotion de l’économie circulaire.

Avez-vous déjà un plan d’action ou des mesures concrètes pour sensibiliser et promouvoir l’économie verte au Maroc ?

Notre plan d’action est consultable sur le site de la CGEM et opérationnel depuis septembre 2018.  Nous tenons des réunions d’étape à une fréquence régulière en vue d’avancer dans sa mise en œuvre.

Nos actions de sensibilisation, de formation et d’accompagnement se déploient, quant à elles, au quotidien et s’inscrivent dans le cadre de l’Initiative Entreprises Climat Maroc lancée par la CGEM en octobre 2016.

Par ailleurs et devant la variété des sujets à traiter, nous avons, pour cette mandature, décidé de concentrer l’effort sur trois orientations phares que nous ambitionnons de faire avancer en collaboration avec les pouvoirs publics.

La première de ces orientations consiste à favoriser un développement accru de la production électrique renouvelable décentralisée. Ce modèle se caractérise par une production électrique renouvelable fragmentée à travers une multitude d’unités de petites capacités, raccordées au réseau électrique, par opposition à une production conventionnelle en centrale électrique. La production décentralisée représente une des tendances mondiales lourdes du secteur de l’électricité. Elle est encore embryonnaire à ce jour au Maroc, alors qu’en Allemagne près de la moitié des capacités renouvelables installées sont décentralisées. Nous sommes convaincus de l’intérêt économique, social et environnemental du développement à large échelle de la production décentralisée. En effet, ceci permettra d’améliorer la résilience des réseaux électriques, de diminuer les pertes électriques, de créer un nombre plus important d’emplois et d’impliquer davantage le tissu économique PME et TPE. Un tel modèle permet aussi de réduire les engagements financiers des parties publiques compte tenu de la prise en charge du financement des capacités décentralisées par le secteur privé, mais aussi de contribuer à l’amélioration de la compétitivité des entreprises grâce à l’optimisation de leur facture énergétique.

La deuxième orientation phare repose sur la nécessité de repenser notre modèle de mobilité. En effet, le modèle actuel repose sur une utilisation trop massive de véhicules fonctionnant avec des carburants traditionnels. Ce modèle est une menace pour la qualité de vie, la santé et l’environnement : émissions CO2, accidents de la route, bruit, congestion du trafic… Le Maroc gagnerait à tirer profit des évolutions technologiques récentes et à venir, notamment concernant les véhicules électriques afin de dérouler, par anticipation, une stratégie de mobilité durable sur le long terme construite autour de modèles adaptés à son contexte, au lieu de se retrouver acculé, in fine, à subir l’offre mondiale sans préparation suffisante.

La transition vers la mobilité durable nécessite la mise en place d’une infrastructure de transports adaptée, l’impulsion d’une véritable transformation fiscale, l’instauration d’une politique intégrée d’aménagement territorial et la préparation d’une offre industrie et services permettant de saisir de grandes opportunités de création de valeur et d’emplois. La mobilité durable est un sujet de société à penser de manière intégrée et interdisciplinaire, en pleine concertation et coopération avec l’ensemble des acteurs concernés (publics, privés et société civile). La CGEM est d’ailleurs pleinement disposée à participer activement à un tel dialogue.

La convergence Eau / Énergie renouvelable représente la troisième grande orientation de notre plan. Tout en étant un pays semi-aride, le Maroc dispose de ressources renouvelables abondantes. La production d’eau douce pour les besoins agricoles, industriels ou urbains par dessalement d’eau de mer aux moyens d’énergies renouvelables revêt par conséquent un intérêt hautement stratégique pour le pays.

En termes de coûts, nous pensons que cette orientation deviendra viable dès lors qu’elle est intégrée, en amont, aux projets de développement de nouvelles zones urbaines ou périmètres agricoles irrigués situés le long du littoral, et qu’une partie du coût d’investissement en capacités renouvelables et installations de dessalement est répercutée sur le m2 de terrain en lieu et place du m3 d’eau distribuée.

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