Economie

Sol Melia règle ses comptes avec le Maroc

© D.R

Huit hôtels abandonnés au Maroc, six en Tunisie. Sol Melia procède au solde de tout compte avec le Maroc et le Maghreb. Le bureau local de Sol Melia a mis la clé sous le paillasson. Chef de file à hauteur de 60% d’un consortium formé par la BMCI, le CIH et trois administrateurs individuels, Sol Mélia comptait réaliser dans la première phase de son projet un complexe de 500 suites et autant de chambres dans une seconde phase, sans compter les infrastructures connexes (restaurants, piscines, terrain de golf de 18 trous,…). Au total, l’investissement s’élèvait à plus d’un milliard de dirhams. Aujourd’hui tout est suspendu. Le groupe qui a quitté précipitamment le Royaume l’aurait fait à cause du climat d’incertitude qui s’est installé au lendemain des attentats du 16 mai. Un cite espagnol, www.elsemanaldigital.com), accrédite la thèse. «Les perspectives de développement du secteur touristique demeurent toujours sombres au Maroc, suite aux attentats et malgré la volonté du pays de promouvoir le tourisme comme moteur principal de développement». Si l’on croit l’hebdomadaire Catalan, Avui, qui fait référence dans son édition du 19 octobre, à des sources proches de Gabriel Escarrer, président de Sol Melia, le groupe a abandonné l’exploitation de quatre établissements en gestion pour compte et le projet Paradisus, devant la montée des risques d’attentats terroristes et la baisse des touristes espagnols au Maroc. Des propos graves selon Angel Colom, le chef de la délégation catalane à Casablanca : «Je suis étonné et indigné. D’après nos informations, la raison pour laquelle Sol Melia abandonne le Maroc n’est pas liée à l’impact du terrorisme. C’est une décision stratégique liée à sa politique interne». Pourtant l’hebdomadaire en question cite des sources diplomatiques et commerciales espagnoles au Maroc qui abondent dans ce sens, voyant « divers motifs» derrière ce retrait. Entre autres, la situation internationale après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Un responsable de l’ambassade espagnole se montre plus explicite : « Les attentats du 16 mai ont empiré la situation. D’ailleurs, beaucoup d’entreprises occidentales et espagnoles, opérant dans le secteur touristique et hôtelier qui travaillent dans les pays musulmans ont décidé de géler leurs projets». Des déclarations qui ne vont pas dans le sens de ce que l’on constate tous les jours au Maroc : la montée en puissance de l’investissement espagnol, présent dans tous les domaines, y compris touristiques. La même thèse est donnée pour expliquer le retrait du groupe dans un autre pays maghrébin, la Tunisie, elle aussi prise en tenaille par le «terrorisme islamique ». Aucun mot en revanche des difficultés du groupe, soulignées dans un rapport saignant du cabinet Standard & Poor qui le notait en baisse en Afrique du Nord et en Amérique Latine. Pourtant, l’on croyait ici au Maroc, que l’abandon du projet Paradisus à Agadir n’était qu’une suite logique des déboires financiers du groupe espagnol et non une quelconque menace terroriste. Cité abondamment par le respectable confrère, Carlos Padilla, directeur de l’Office commercial espagnol de Casablanca, s’étonne. «Je n’ai jamais dit une chose pareille. A mon sens, Sol Melia n’a pas encore dit qu’il quittait le Maroc, mais que ses activités pour le moment sont suspendues»! Par contre, à l’Ambassade d’Espagne à Rabat, on reconnaît quand même les nombreuses lourdeurs administratives : «Sol Melia a eu beaucoup de problèmes administratifs à Agadir. On dit que le ministère du Tourisme aurait demandé de choisir un autre terrain. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder la vase». Au ministère du Tourisme, le directeur des investissements avait dit à ALM ne pas être «informé» d’un retrait pourtant visible depuis mars. En tout cas, ce projet de retrait ne concerne pas que le Maroc où la multinationale a été contrainte de quitter certains établissements suite à la mise en redressement judiciaire ou à des arrangements de leurs propriétaires avec le CIH. Sol Melia s’est lancé ailleurs dans diverses opérations similaires avec pour objectif de réduire sa dette estimée à 1,26 milliard d’euros à fin 2002. La cession d’actifs permettra de mettre dans l’escarcelle 30 millions d’euros l’an prochain. Au Maroc, Sol Melia avait demandé la revision de sa convention d’investissement avec l’Etat marocain. Pour l’heure, ces déclarations n’entament en rien le rythme d’investissement espagnol au Maroc. A la délégation catalane, on enregistre en moyenne trois manifestations d’intérêt par semaine. Actuellement un grand groupe hôtelier est en phase de prospection avancée pour la reprise d’hôtels en gestion, une autre entreprise catalane va ouvrir bientôt un grand chantier de plantation d’arbres, entre 10 000 et 15 000 hectares. Ce projet embauchera entre 2000 et 3000 personnes. Comme le dit-on à l’ambassade d’Espagne, c’est avec l’arrivée de Méditel que les investissements sont partis à la hausse. L’opérateur espagnol qui a, il faut le reconnaître, de nombreuses fois eu maille à partir avec ces lourdeurs administratives, en particulier concernant la non application de certaines garanties qui accompagnaient l’attribution de la seconde licence, est aujourd’hui le symbole d’un investissement réussi au Maroc.

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