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Sukuk : Les investisseurs ont mis sur la table 3,6 milliards DH

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La première émission d’un milliard DH en deçà des appétits du marché

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Les demandes de souscription ont été servies à hauteur de 28%, soit un taux de sursouscription de 3,6 fois. Pour leur part, les investisseurs institutionnels participatifs ont été servis à hauteur de 35%.

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L’émission inaugurale des certificats de sukuk a eu lieu vendredi 5 octobre 2018. Cet instrument tant attendu par les opérateurs de la finance participative fait son entrée officielle à la sphère financière dotant l’ensemble des acteurs d’un moyen alternatif pour la mobilisation de l’épargne et de placements.

La première opération portant sur une émission de type Ijara a connu un grand succès traduisant ainsi la soif des opérateurs de ce type d’instruments financiers après près de deux années du démarrage effectif de la finance participative au Maroc. On parle d’un taux de sursouscription de 3,6 fois.

Un chiffre révélé par le ministère de l’économie et des finances en marge de cette première émission réservée dans un premier temps aux investisseurs résidents principalement les banques participatives et conventionnelles, les compagnies d’assurance, les caisses de retraites et les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM).

Le détail de l’opération

A quelques heures de la réalisation de cette première émission, la tutelle a dévoilé des chiffres significatifs. Le département de Mohamed Benchaâboun souligne dans ce sens des demandes de souscription de près de 3,6 milliards de dirhams, servies à hauteur de 28%, soit un taux de sursouscription de 3,6 fois. Pour leur part, les investisseurs institutionnels participatifs ont été servis à hauteur de 35%. Cette émission inaugurale porte sur un montant de 1 milliard de dirhams amortissable sur une durée de 5 ans. Ces certificats offrent un rendement annuel de 2,66%. Techniquement ces sukuk sont adossés à un droit d’usufruit constitués sur des actifs immobiliers appartenant à l’Etat au profit du fonds de titrisation créé à cet effet. Ce fonds procède à la location de ses actifs sur une période de 5 ans et les loyers annuels générés seront distribués aux porteurs de ces certificats de sukuk.

Certificats de sukuk : Quel intérêt ?

Les acteurs de la finance participative sont unanimes sur le fait que cette émission souveraine constitue une référence en termes de structuration et de coût de levée de fonds. Le nouveau marché créé a pour but d’encourager d’autres émetteurs privés à adopter les sukuk comme étant une alternative pour la diversification de leurs ressources de financement. Les sukuk, équivalent, «islamique» d’obligations viennent booster la finance participative dans la mesure où ils permettront aux opérateurs de gérer à l’avenir leur liquidité. Toutefois, les sukuk n’auront d’intérêt pour la banque participative que lorsque la banque sera capable «elle-même» de les émettre. C’est de là que les sukuk peuvent être un instrument de liquidité et d’accès au refinancement. Les sukuk peuvent également servir de référence pour les acteurs financiers dits conventionnels. Ces investisseurs peuvent également y investir et ce compte tenu des caractéristiques de rendement, de liquidité et de sécurité qui distinguent les sukuk  des autres instruments financiers déjà existants. Au-delà de l’impact attendu sur le rendement et le financement de l’entreprise, les sukuk se veulent en effet un outil rentable pour l’Etat en vue de financer ses projets structurants.

Fouad Harraz, directeur général d’Al Akhdar Bank

Al Akhdar Bank accompagne l’émission

Désignée en tant qu’établissement dépositaire de cette première émission de sukuk souveraine, Al Akhdar Bank, banque participative née d’un partenariat entre le Groupe Crédit Agricole du Maroc et la Société islamique pour le développement du secteur privé (ICD_PS), accompagnera cette opération. A cet effet, Al Akhdar Bank a pour mission de garder et conserver les actifs du fonds de titrisation qui émettra les premiers certificats de sukuk dans notre pays, sous forme de sukuk Ijara. «Le choix du dépositaire s’est appuyé sur une évaluation technique des capacités organisationnelles et humaines des banques en concurrence et plus spécifiquement de l’organisation de leur activité dépositaire et des moyens humains et techniques qu’ils y ont alloués», explique dans ce sens la Banque. Al Akhdar Bank a en effet répondu à un appel d’offres restreint lancé par Maghreb Titrisation auquel d’autres banques participatives ont participé. «Al Akhdar Bank a pu se distinguer par une offre à la hauteur des exigences pour cette première émission souveraine, et se trouve donc chargée d’assurer la garde et la conservation des actifs du fonds et de ses compartiments et de la tenue des comptes de paiement qui doivent être ouverts pour tous les compartiments prévus», peut-on lire du communiqué de la banque qui voit en le rôle qui lui a été confié une confirmation de sa volonté de participer «activement dans la mise en place d’un écosystème solide pour l’industrie de finance participative. Al Akhdar Bank a également pour ambition d’étendre ses activités pour accompagner l’essor prévu des instruments de placement et d’investissement participatifs au Maroc».

Emission des sukuk : Quels processus ?

Pilier important pour l’ensemble de l’écosystème de la finance participative, l’émission de sukuk repose sur un processus bien ficelé. Plusieurs phases sont à suivre afin de finaliser cette opération. Il est question en premier de proposer une structure financière, juridique et chariatique de l’opération. Cette proposition se fait en collaboration avec les conseillers juridiques et l’organisme de placement.

Suivront, donc, l’élaboration des documents transactionnels de l’opération, la présentation du projet de structure à l’Autorité marocaine des marchés des capitaux (AMMC) et au Comité charia ainsi que l’obtention des autorisations nécessaires. Les attentes des opérateurs relatives aux sukuk sont grandes. Les professionnels de la finance participative ambitionnent de coter les sukuk et mettre en place éventuellement de nouvelles structurations afin de créer des produits de placements participatifs tels que les OPCVM Charia Compliant. Si les sukuk Ijara sont la structure la plus fréquente de ces émissions souveraines, d’autres obligations participatives devraient entrer en vigueur et ce conformément aux derniers amendements de la loi des titrisations des actifs visant à élaborer une approche intégrée du développement de la finance participative. Il s’agit des certificats de sukuk de financement (Mourabaha, Salam et Istinaa), les certificats de sukuk d’investissement (Moudaraba, Wakala et Moucharaka) et les certificats de sukuk de portefeuille d’investissement.

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