Economie

Télécommunications au Maroc : Temps fort pour le portable

© D.R

Maroc Telecom (MT) détient depuis longtemps une part importante du marché de la téléphonie mobile au Maroc, mais la concurrence autour des abonnés est appelée à s’intensifier avec l’arrivée d’un nouvel opérateur. Le 4 février, l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) annonçait que la troisième licence mobile de deuxième génération (2G) avait été octroyée à Wana, filiale du conglomérat Omnium Nord Africain (ONA).
L’obtention de la licence GSM de deuxième génération dans un secteur actuellement dominé par MT et Méditel est le tout dernier produit à entrer dans le portefeuille de Wana, qui comprend depuis juillet 2006 une licence de troisième génération (3G). Le montant exact de l’opération n’a pas encore été communiqué, mais l’ANRT et Wana l’ont tous les deux qualifié d’«investissement important». La nouvelle licence nationale, fixée à 15 ans, permettra à Wana d’avoir accès aux 22,82 millions d’utilisateurs de téléphone portable que compte le Royaume, selon les chiffres publiés par l’ANRT fin 2008.
Malgré son entrée tardive, Wana saura tirer profit d’un marché qui est loin d’être saturé, affichant un taux de pénétration de 74%, et espère séduire les utilisateurs en offrant des technologies de pointe à des prix compétitifs.
L’ANRT a officiellement annoncé le lancement de l’appel d’offres le 30 octobre 2008, avec pour objectif d’élargir la concurrence et de faire baisser les prix. Depuis sa création en 1998, en application de la loi n° 24-96 relative à la Poste et aux Télécommunications, l’ANRT est chargée de moderniser, réglementer et surveiller le secteur des télécommunications tout en veillant à la mise en œuvre de la loi, qui appelle à une concurrence accrue pour proposer davantage de choix aux utilisateurs, plus de contenus et plus de services. MT, ex-opérateur public, a détenu le monopole du secteur jusqu’en 1999, lorsque les réformes portant sur la libéralisation du marché ont été engagées.
MT reste un concurrent incontesté, d’autant plus que Vivendi, le plus grand groupe de divertissement d’Europe, détient une participation majoritaire de 54% dans son capital. Selon les derniers chiffres de l’Agence, Wana détient 1,17% seulement des parts d’un marché de 22,3 millions d’utilisateurs de téléphone portable, Maroc Telecom et Méditel détenant respectivement 65,62 et 33,21%. Malgré l’intensification de la concurrence depuis l’arrivée du nouvel opérateur, MT a indiqué qu’il entendait poursuivre sa croissance, tablant sur une hausse de son chiffre d’affaires de plus de 3% en 2009. Le 23 février, MT a annoncé que le résultat net part 2008 du groupe était en augmentation de 18,5% à 9,5 milliards de dirhams (861 millions d’euros) et a fait état d’un résultat opérationnel de 13,9 milliards de dirhams (1,2 million d’euros) en hausse de 13,5% pour un chiffre d’affaires accru de 7,2% à 29,5 milliards de dirhams (2,7 milliards d’euros), grâce au développement de la téléphonie mobile.
Wana, filiale télécoms du groupe Omnium Nord Africain (ONA), repose sur des bases solides. ONA est le plus gros conglomérat du Maroc, sous l’égide de la famille royale, et possède des actifs dans des domaines aussi variés que la banque, l’assurance, la vente au détail et l’exploitation minière. Wana est également présent sur d’autres segments du marché des télécoms, comme l’Internet et la téléphonie fixe.
L’obtention de la nouvelle licence lui ouvre les portes de l’une des activités les plus lucratives du secteur. Le premier réseau de téléphonie mobile, lancé à Rabat en 1989, comptabilisait 700 abonnés, un chiffre qui a bondi à 3 millions en 2000. L’utilisation du téléphone portable n’a cessé de croître depuis lors et le taux de pénétration actuel, qui s’établit à 74%, dépasse de loin les prévisions de croissance de l’ANRT. Une étude faite en 2004 prévoyait que ce résultat ne serait pas atteint avant 2014.
Malgré la formidable croissance du nombre des abonnés à ce jour, le gouvernement entend renforcer l’étendue de la portée du réseau mobile dans le Royaume. En novembre 2006, l’ANRT a approuvé le programme « PACTE » pour la généralisation de l’accès aux télécommunications, visant à connecter 9200 localités non desservies jusqu’alors, soit 2 millions de Marocains, d’ici 2011. Le programme s’emploiera à desservir ces zones en téléphonie et en Internet. MT a récemment conclu un accord de 2,8 milliards de dirhams visant à desservir plus de 7000 villes et villages qui n’ont pas accès aux services de télécommunications, ce qui représente 80% du programme PACTE.
L’essor du mobile au Maroc s’inscrit dans une dynamique régionale. Les ventes de téléphone mobile au Moyen-Orient et en Afrique n’ont jusqu’à présent pas fléchi, bien que la crise financière mondiale pourrait entraîner un certain recul. Mais les prévisions sont à la hausse. Les ventes pourraient augmenter de 14,77% pour atteindre 202 millions d’unités en 2009, contre 176 millions en 2008, dynamisées par la baisse du prix des appareils et de l’installation de nouveaux réseaux de troisième génération (3G). En ce qui concerne le Royaume, la téléphonie mobile est une pièce maîtresse du secteur des télécommunications. La poursuite du processus de libéralisation devrait permettre d’augmenter la contribution de l’industrie au Produit intérieur brut (PIB) à hauteur de 10% en 2009, contre 7% en 2008. Alors que d’autres secteurs connaissent une baisse de la demande, les télécoms apparaissent comme une aubaine pour le budget du pays. Le jour où Wana lancera ses services, la concurrence s’intensifiera et le Royaume bénéficiera d’un PIB à la hausse.


Oxford Business Group
17 mars 2009

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