Dans un immeuble moderne de Rabat, des dizaines de téléopérateurs marocains s’agitent au téléphone en parlant à des clients de France, tout heureux d’avoir pu décrocher un boulot dans le royaume grâce aux délocalisations des entreprises étrangères. « Quand j’ai commencé à travailler dans le centre d’appel Access téléservice, il y a 11 mois, j’ai dû prendre un pseudonyme français », explique Samiha, alias Aline.
Titulaire d’une maîtrise de droit français, elle parle parfaitement la langue de Molière. Rien ne peut laisser deviner à ses interlocuteurs européens, qu’ils parlent à une Marocaine localisée à Rabat. Avec ses 230 collègues, elle vend à des Français et des Suisses des abonnements de téléphone mobile, des produits cosmétiques et d’hygiène. Les téléopérateurs sont également chargés de gérer les rendez-vous d’employés d’entreprises européennes. « Tout est fait pour que ces Marocains se sentent proches de leurs clients », indique Evelyne Pierrot, la directrice des opérations du centre d’appels, en montrant le drapeau helvétique qui trône dans le plateau réservé aux appels à destination de la Suisse.
Au-dessus d’une carte de la confédération, on lit « Welcome to Switzerland ». Les employés, âgés en moyenne de 25 ans, ont un look branché: jeans et tee-shirts griffés pour les hommes, jupes et décolletés pour les jeunes femmes. « On fait un métier à la page », assure fièrement Talal, alias Patrick. « Les téléopérateurs marocains exercent un métier valorisé », confirme Mme Pierrot, qui a travaillé pendant 17 ans dans des centres d’appels en France, avant d’arriver en mai dernier au Maroc. « L’esprit est différent par rapport à la France où le télémarketing n’est souvent qu’un job d’étudiant », poursuit la directrice des opérations.
Samiha est satisfaite des 4.000 dirhams (environ 370 euros) qu’elle gagne par mois, pour 42 heures de travail hebdomadaires. « C’est deux fois plus que le salaire minimum local », souligne-t-elle.