Economie

Thépot : « Essaouira est déjà prévendue ! »

© D.R


Aujourd’hui Le Maroc : Quel est votre sentiment général sur ces troisièmes Assises du tourisme ?
Marc Thépot : Ce qu’il y a de bien dans cet événement, c’est d’abord de donner la possibilité aux opérateurs, parfois concurrents sur le terrain, de se retrouver. Le propre de toute activité est la solidarité et la cohésion . C’est à travers ces événements que les liens se créent. Ce qu’on appelle «l’affectio sociétatis » est important. Deuxième point à souligner : nous avançons tous vers un vrai plan stratégique du tourisme. La vision 2010 est un plan à long terme. Ces retrouvailles nous permettent de faire le suivi et le contrôle des engagements. C’est donc un moment de vérité. On a fini par adopter une attitude positive et constructive qui a pris le dessus sur des comportements trop injustement critiques . Autre point positif, nous voyons de plus en plus d’élus et de politiques s’intéresser à l’événement qui reste un bon aiguillon pour nous forcer à avancer et à être organisés.

Partagez-vous l’analyse du ministre du Tourisme à propos du retard pris dans les chantiers ?
Le ministre du Tourisme déclare que le rythme en 2005 était insuffisant. En fait, il s’agit d’une pause qui a été consacrée, en ce qui concerne la station Mogador par exemple, à la définition plus précise du positionnement commercial et stratégique de la station . La plupart des schémas d’aménagement ont été faits sur des bases théoriques. Pour la station Mogador, nous avons pris un an et demi pour revoir l’étude, la partager avec des professionnels, des architectes, des professionnels du golf, des experts géomètres et topographes etc… Ce temps «perdu » a été bénéfique parce qu’aujourd’hui, on a fixé de façon précise  le positionnement stratégique de la station. Même observation pour la ville de Fès qui a pris le temps qu’il faut pour réaliser son PDRT, un outil indispensable pour donner la confiance
aux investisseurs. En tout cas à Mogador, le plan masse et son plan marketing permettent à ceux qui ont été sélectionnés de s’approprier techniquement le projet et de mieux le vendre.

Ce retard n’est-il pas finalement bénéfique pour l’activité hôtelière ?
La période actuelle nous a permis de refléchir à la montée en puissance du parc hôtelier. Il faut un temps pour digérer l’arrivée de toute nouvelle capacité . A Agadir par exemple, les hôtels de la zone de Founty II ne sont pas encore en plein régime.
 Par contre, je reviens sur un point important : la formation professionnelle et la gestion des ressources humaines . C’est fondamental. Les métiers du tourisme ont besoin d’être valorisés socialement, avec des perspectives salariales intéressantes, une couverture adéquate et une formation adaptée. Il faut développer l’attractivité sociale de ce secteur. C’est pourquoi nous avons décidé de développer une Académie Accor Maroc ouverte à tout le monde.
On dit que les hôtels ne se construisent pas assez vite. C’est vrai peut-être. Mais ces chantiers ont besoin de personnel qualifié pour être fonctionnels et de certains dispositifs comme la loi sur le financement des résidences touristiques. A ce niveau, ce sont les incitations fiscales qui pourront débloquer la situation.

Puisque l’hôtellerie se porte bien, peut-on dire que le phénomène de bradage a disparu ?
Les baisses de prix sont plutôt une réponse à un phénomène conjoncturel. On l’a vu après certaines catastrophes comme le Tsunami en Asie. Moi, je pense qu’en temps de crise, la baisse est salutaire. C’est une sorte de correction. Aujourd’hui, pour le parc des hôtels que nous gérons, nous enregistrons une progression de prix de l’ordre de 10%. Le revenu moyen par chambre a aussi progressé parce que les prix ont augmenté. Puis, je dirais que le mode de commercialisation directe commence à se développer, ce qui est bénéfique pour l’hôtellerie. La mise en place des vols secs et des vols low-cost augmentent nos recettes de 15% puisque c’ est le client qui, via Internet et les systèmes de réservation, choisit son hôtel . La désintermédiation est plus remarquable sur le tourisme d’affaires avec une progression de 30% sur les prix.

En ce qui concerne Essaouira, où en est l’aérien ?
Sur Essaouira, beaucoup reste à faire. Nous dépassons désormais le niveau des intentions. L’aéroport est en phase d’ extension et les projets de liaison routière par un tronçon à 4 voies depuis Marrakech, se confirment. Comparé à Marrakech, avec 120 mouvements d’avions le dimanche, nous avons beaucoup de chemin à faire. Accor Maroc a investi 145 millions de dirhams pour le Sofitel Mogador. Nous allons investir 50 millions pour un Ibis à l’entrée d’Essaouira. C’est une ville qui a de l’avenir et une clientèle fidèle. Plus de 72% des visiteurs d’Essaouira sont des MRE et des Français dont certains ont des attaches très fortes. La notoriété d’Essaouira dépasse  la réalité. Il y a un effet d’image intéressant dû à l’energie considérable dépensée par  de nombreuses personnalités de la ville comme André Azoulay,
dû aux  festivals et  aux animations continuelles qui s’ y font . Notre groupe, quant à lui,  a beaucoup investi dans la promotion de la destination.
Essaouira est déjà prévendue, il faut seulement transformer l’essai…cette ville a tant d’ atouts…!!

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