Economie

Tony Hayward, héraut contrarié de BP

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Etrillé aux Etats-Unis pour sa gestion de la marée noire, Tony Hayward, qui quittera le 1er octobre la direction de BP, était arrivé à sa tête en 2007 avec l’ambition de donner au groupe respectabilité et moralité. Quand on l’a appelé pour remplacer John Browne à la direction générale, il y a trois ans, le groupe britannique avait vu son image sérieusement entachée par plusieurs incidents à commencer par l’incendie d’une raffinerie au Texas en 2005 (15 morts), puis la fuite d’un oléoduc en Alaska en 2006, pour se terminer par un scandale impliquant John Browne lui-même. Le directeur d’alors avait été accusé de puiser dans les fonds de la société pour conserver les faveurs de son ami canadien. John Browne avait nié toute malversation, mais il avait été contraint à la démission après la décision de la justice d’autoriser la presse britannique à révéler son homosexualité. Propulsé à la tête du groupe, Tony Hayward se fait fort de nettoyer les écuries d’Augias. Pour ce faire, il peut miser sur sa popularité et son expérience dans le groupe. Né en Angleterre le 21 mai 1957, il passe un doctorat de géologie en Ecosse, et s’y fait embaucher chez BP en 1982. Il fait ses classes en Chine, en Colombie et au Venezuela, avant de gravir les échelons un à un: directeur exploration-production en 1997, trésorier en 2000 puis directeur exécutif en 2003. Dans sa première interview en tant que nouveau patron, accordée au Houston Chronicle, il disait: «Nous avons l’occasion de montrer l’exemple en ce qui concerne la sécurité industrielle». «Nous devons avoir un environnement de travail où personne n’est ni blessé, ni tué, un point c’est tout». Le 20 avril 2010, la plate-forme Deepwater Horizon explose, faisant 11 morts avant de sombrer le 22 dans l’océan, à 65 km des côtes de Louisiane. Tony Hayward devient la cible de multiples attaques dont il semble parfois ne pas comprendre la teneur. Ses amis disent qu’il n’a été qu’un bouc émissaire. Ses critiques soulignent ses nombreuses gaffes. «Qu’ai-je fait pour mériter cela?», se demande-t-il comme si c’était lui la victime de la marée noire. «Le golfe du Mexique se situe dans un très grand océan. Le volume de pétrole est faible en comparaison à la masse d’eau», lance-t-il. Dès le début de la catastrophe, il reconnaît la responsabilité de BP et se confond en excuses, mais sa gestion de la catastrophe apparaît hasardeuse. On le qualifie de «Tiny» Hayward (Hayward «le tout petit») ou de «patapouf». Appelé à témoigner devant le Congrès en juin, il se fait tancer par des élus, surtout après avoir une nouvelle fois mis sa propre personne sur le devant de la scène, en disant espérer «retrouver sa vie d’avant».
Devenu ennemi public numéro un, sa position est de plus en plus intenable, en particulier après que le président américain Barack Obama a fait savoir qu’il ne l’aimait pas. En juin, il est remplacé par l’Américain Bob Dudley à la direction des opérations du groupe contre la marée noire. C’est ce même Dudley qui le remplacera le 1er octobre à la direction générale. Il a le grand avantage d’être américain (Hayward est britannique) et qui plus est d’être originaire du sud des Etats-Unis. Tandis que la marée ne cesse de souiller les côtes américaines, Hayward commet sa dernière bourde: le 19 juin, il assiste à une régate sur l’île de Wight, rendez-vous de la gentry. «Je pense que nous pouvons tous conclure que Tony Hayward ne commencera pas une seconde carrière dans le conseil en relations publiques», ironise peu après le secrétaire général de la Maison-Blanche Rahm Emanuel.

  Loïc Vennin (AFP)

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