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Tourisme : Agadir à la recherche d’une nouvelle image de marque

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Dans un contexte où Agadir doit faire face à la concurrence de destinations telles que les Îles Canaries, la Turquie ou encore l’Egypte, le label «soleil et mer» n’est plus depuis longtemps un facteur suffisant d’attractivité.

La bonne nouvelle c’est une croissance de l’activité touristique à Agadir ces derniers mois. Selon les chiffres communiqués par le Conseil régional du tourisme du Souss-Massa, la station balnéaire a enregistré une hausse à deux chiffres de ses nuitées de 10,63%, à l’issue des 12 mois de l’année 2017. Au cours de cette période, le nombre des nuitées a atteint 4,67 millions comparativement à 4,22 millions de nuitées enregistrées en 2016. Pour sa part, le taux d’occupation moyen des établissements hôteliers classés a également grimpé de 9,29% pour atteindre 51,75 % contre 47,35% en 2016.

Cette hausse de l’activité reste cependant toute relative. Bien que comptant aujourd’hui 29.115 lits, soit près de 5.000 lits additionnels en dix ans, la destination Agadir fait toujours à peine ce qui était réalisé en 2007. A l’époque en effet, la station balnéaire atteignait 4,47 millions de nuitées et un taux d’occupation de 56,46%. Aussi malgré la tendance à la hausse, les professionnels du tourisme  restent préoccupés. Ceci d’autant plus que les nouvelles liaisons aériennes directes mises en place récemment n’ont pas encore véritablement dopé l’activité. C’est du moins ce qu’avancent les acteurs du tourisme d’Agadir, chiffres à l’appui. Pour eux, il est important de revoir cette nouvelle programmation aérienne pour mieux coller aux besoins réels en termes de désenclavement aérien de la station balnéaire.    

L’embellie de l’activité touristique actuelle n’a, par ailleurs, pas de véritables retombées sur l’activité économique de la ville ni même sur toutes les filières du tourisme dans la région. A travers la station balnéaire, cette situation se ressent à vue d’œil. Les restaurants et les cafés du front de mer quasi vides en journée comme en soirée, tout comme les bazars du centre-ville, offrent un tableau de désolation qui ne trompe personne sur la portée de cette augmentation de l’activité touristique. C’est aussi un indicateur de l’étendue de la crise que vit depuis des années un grand nombre de segments d’activités du tourisme dans la ville.

Certains commerçants, tels des gérants de bazars ou encore de restaurants, soutiendront souvent que ce qui a nui à leur activité c’est le produit all inclusive qu’offre un grand nombre d’établissements hôteliers du front de mer. On oublie cependant que le développement du all inclusive sur la destination correspond à une demande de la clientèle et à une tendance mondiale qu’il était difficile d’ignorer au risque de perdre des parts de marchés. Le temps où les cafés, restaurants et commerces de la ville pouvaient se suffire d’ouvrir leurs portes et d’attendre le client semble en fait bien révolu. Ces activités nécessitant aujourd’hui une approche commerciale agressive sur tous les fronts à travers incontournablement une démarche marketing plurielle, un accueil dans lequel se conjuguent actions et attentions, ainsi qu’un produit de qualité. Des éléments qu’il est important de soigner car le touriste avisé ne manque jamais aujourd’hui de se renseigner sur la Toile à propos de sa destination et sur place s’informe au niveau des réceptions des établissements hôteliers ainsi qu’auprès des chauffeurs de taxis sur les coins à visiter et où manger. Il sait très bien qu’il est plus intéressant de faire ses courses en ville que dans les boutiques de souvenirs des hôtels.

Il faut souligner aussi que ce qui concurrence véritablement les commerces du front de mer ou encore ceux du centre-ville, c’est le grand souk qui derrière ses grands remparts constitue dans la station balnéaire un véritable cœur de vie et un poumon économique de la région qui draine en masse chaque jour habitants comme touristes de la ville.

Comment sortir Agadir de sa léthargie et enregistrer de véritables retombées de l’activité touristique sur la région ? La question soulève assurément celle du produit Agadir plus connu à l’échelle internationale pour son profil balnéaire. Dans un contexte où Agadir doit faire face à la concurrence de destinations telles que les Îles Canaries, la Turquie ou encore l’Egypte, le label «soleil et mer» n’est plus depuis longtemps un facteur suffisant d’attractivité. L’expérience réussie de la niche du surf, qui attire depuis des années des centaines, voire des milliers de surfers chaque année dans la localité de Taghazout, montre bien qu’il est important de diversifier le produit et miser sur le tourisme de niche pour se positionner par rapport à la concurrence et créer une identité de marque distincte.

En accueillant ces derniers mois des athlètes pour leur entraînement sportif de haut niveau, c’est bien sûr dans cette approche de développement du tourisme de niche vers lequel s’orientent les acteurs du tourisme de la station balnéaire. Agadir ne manque pas d’atouts à ce niveau pour drainer le tourisme sportif. Il suffit, de l’avis d’experts du domaine, de renforcer les investissements dans cette filière porteuse en termes d’équipements d’entraînement, d’hébergements adaptés et en ressources humaines qualifiées.   

Construire un nouvel label touristique solide passe également par une amélioration du cadre urbain. «Le renforcement de la signalisation et de l’éclairage tout comme l’embellissement de l’existant et sa mise en valeur, restent encore à faire», souligne un observateur. Les visiteurs de la ville comme ses habitants montrent souvent du doigt le faible éclairage de la ville le soir. Ce qui n’encourage véritablement pas les touristes à sortir et donne à la nuit tombée une image triste de la station balnéaire. En outre, le centre-ville, qui constitue un modèle d’urbanisme conçu par de grands maîtres architectes défenseurs du mouvement moderniste, est aujourd’hui peu préservé, pas assez mis en valeur. Le circuit des édifices de la première étape de la reconstruction d’Agadir pourrait constituer un atout touristique à exploiter. Raconter l’histoire de la reconstruction de la ville après le tremblement de terre de 1960 et le défi relevé de cette opération pourrait être intéressant et permettrait d’accorder un label particulier à la destination.

La région offre également d’autres potentialités telles que son arrière-pays et son terroir. Ces éléments se déclinent de mille façons avec des originalités spécifiques à la localité et constituent un cachet authentique dont il faut encore et encore tirer parti pour rendre la destination plus attractive. Cet avantage concurrentiel souffre cependant d’une promotion insuffisante.   

On retient dans ce contexte l’importance pour chaque entreprise touristique de la région de développer plus encore la présence sur le Web pour conjuguer avec la communication institutionnelle mise en œuvre en faveur de la destination.

Face aux multiples défis auxquels fait face aujourd’hui Agadir, le renforcement de la synergie de tous les acteurs de la ville et une démarche créative sont incontournables pour construire une nouvelle image de marque, un branding territorial spécifique et attractif. L’activité tourisme fait aussi appel à une pluralité d’intervenants qu’il faut sensibiliser et mobiliser auparavant. Il y a de même les infrastructures et les équipements, tels que la propreté, les transports urbains, les taxis, dans lesquelles il est indispensable d’investir encore et encore. Agadir et sa région méritent bien tout cela !

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