Economie

Tourisme : Au-delà de l’espoir éternel

ALM : Votre livre marque une rupture avec les velléités de l’esprit d’aller vers le facile. Quelle a été votre démarche pour écrire ce livre ?
Abdelhadi Alami : Je suis parti d’un constat simple. Le traitement réservé au secteur touristique au Maroc cherchait soit à décrire ce que l’on croit savoir, soit à faire l’éloge des politiques et des systèmes d’organisation qui ont été mis en place et qui sont responsables des difficultés de développement durable de cette activité. Or, le savoir-faire et l’expérience sont indispensables à toute action complexe. En effet, l’économie, de manière générale, rejette totalement l’amateurisme et l’improvisation. Avoir des côtes magnifiques, des sites de premier plan, une population hospitalière et disponible, constitue, certes des atouts remarquables, mais insuffisants et pratiquement inopérants s’ils ne sont pas intégrés dans une vraie politique de développement où les opérateurs et les intervenants sont compétents et responsables. Il me fallait réagir comme opérateur engagé dans ce secteur depuis plus de trente ans.
Justement, mais pour dire quoi ?
Il faut assurément prendre à bras-le-corps cette industrie nationale et voir comment elle peut durablement s’en sortir pour fonder, accompagner et promouvoir le développement. Les dossiers ne manquent pas. Ils sont même surabondants et souvent redondants. Que de temps, en effet, n’a-t-on pas passé depuis les années soixante-dix à parler du tourisme, à faire des prévisions plurielles, bref à tirer des plans sur la comète. Mais quelle déconvenue dans les résultats ! Etait-ce si important après tout? Voulions-nous vraiment être un grand pays touristique ? En mesurait-on toutes les implications ? Pas vraiment, en fait, car tout se passait comme si notre psychologie nationale, s’imposait comme un «marqueur» génétique, nous condamnait à emprunter cette unique voie de l’espoir, de l’espoir éternel, indifférent aux gouvernements et aux hommes, lové dans les limbes de l’irréel et du virtuel. Ce livre est soumis aujourd’hui aux lecteurs et j’espère qu’il pourra provoquer un débat de fond de nature à favoriser l’implication de tous les Marocains.
Quelles sont donc vos recommandations ?
Comme je l’ai expliqué longuement dans mon dernier ouvrage, il n’y a pas de recette miracle pour le développement économique, dans le tourisme ou ailleurs. Il faut souvent tâtonner, corriger, ajuster et persévérer. Pour moi, les planificateurs de l’Accord-cadre se doivent de garder l’homme au centre de leurs projets et leurs préoccupations. L’homme constitue le capital le plus précieux de toute entreprise. Ensuite, la mise à plat de l’action du comité stratégique du Tourisme s’impose à l’évidence puisqu’à l’automne 2003, les résultats enregistrés frappent par leur modestie. Cela soulève des questions tenant à l’importance de l’organisation. Le concept de la croissance à deux chiffres du tourisme est si important pour le Maroc que les moyens à réunir et à mettre en oeuvre doivent être conséquents. Mais il arrive que le savoir-faire, lié à des moyens modestes, peut pallier bien des carences. Autre question que je me pose : n’est-il pas temps de mobiliser tout le département du Plan en tant que structure administrative de support et de le mettre à la disposition de la Haute autorité du tourisme qu’il faut, bien entendu, créer préalablement.
Que répondez-vous à la question: quel tourisme pour quel Maroc?
Par le passé, on faisait du tourisme comme on aurait pu faire autre chose, avec des intuitions, des élans de quelques professionnels qui avaient le «feu sacré». Mais la somme de ces initiatives se traduisent-elles, au plan national, par l’affirmation d’une véritable stratégie? rien n’est moins sûr, parce que l’on ne s’est pas préoccupé, au fond, d’évaluer la nature et la dimension de l’industrie du tourisme dans notre développement, encore moins dans notre société. Or, un tourisme dune dizaine de millions de visiteurs, comme on l’appelle de nos voeux, est une affaire collective. Il implique un traitement par notre société de cette insertion vacancière, mais continue d’un corps aussi étranger». Sommes-nous prêts à faire face à cette situation, qui va bousculer au quotidien nos habitudes, nos comportements, nos valeurs, notre manière d’être et de vivre, notre rapport à l’autre, celui-ci nous renvoyant également des regards croisés ?

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