Economie

Tourisme : Fès touche le fond…

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Le tourisme se porte mal à Fès. C’est presque un euphémisme de le dire en 2003, année des «Kounouz biladi» et des promotions tous azimuts. Le taux d’occupation sur toute l’année tourne à peine autour de 40%. Et, selon les dires de Driss Faceh, président du GRIT local, le mois de novembre est inquiétant. Constat palpable sur place, dans une ville où les cohortes de touristes se font rares. La délégation locale fait état d’une diminution des arrivées entre 9 et 10% jusqu’à fin septembre. Un autre indicateur permet de juger le moral du milieu des affaires : le rythme des investissements. Euphorique entre 2 000 et 2002 avec à la clé, des projets portant sur 1500 lits, l’investissement hôtelier est aujourd’hui en panne, les ouvertures rarissimes. Il y a eu certes, ce nouvel établissement, oeuvre d’un autochtone, le député Lebbar. Ouvert il y a une année avec 500 chambres dotées de tous les standards et des allures de palace, cet établissement tourne actuellement au ralenti comme la plupart des hôtels de la ville spirituelle. Mais, il faut croire que les propriétaires y sont pour quelque chose. Pour cette année, les chantiers sont rarissimes. Le seul en activité concerne un hôtel de 250 chambres. Pour le reste, c’est l’attentisme ». Le groupe Accor qui devait gérer un Novotel avec un groupe d’assurance prolonge son round d’observation, échaudé sans doute par les indicateurs. Dans ce climat d’inactivité généralisé, l’annonce de la compagnie nationale Royal Air Maroc et du TO « Nouvelles Frontières », d’injecter chacun deux vols réguliers entre le mois de décembre et début 2004, est perçue comme un grand pas vers le désenclavement de la destination. Suffira-t-il pour autant à tirer Fès de sa léthargie ? Ce n’est pas évident tant que les deux autres problèmes, à savoir la commercialisation et la promotion ne sont pas résolus. Dans ce sens, la nouvelle approche du ministère du Tourisme qui consiste en un partenariat avec les Tours Opérateurs peut être en soi un début de solution. « Plus de 16 TO vont éditer une brochure spéciale pour Fès, ce qui est presque un exploit. Car, si ces partenariats ont rencontré du succès chez les TO français, ce n’est pas le cas ailleurs, en Italie et en Espagne notamment. La compagnie espagnole Globalia a d’ailleurs préféré plier bagages que de devoir desservir en plus de Marrakech, Fès, destination non rentable. « D’Espagne, on a du mal à commercialiser Marrakech. Comment en serait-il autrement pour Fès ? », s’interroge M. Faceh. L’absence de liaisons charters est souvent perçue par les professionnels comme l’une des principales entraves de la destination. Le président du GRIT est d’avis contraire: «Aujourd’hui, le mode de charter est un tout petit peu dépassé. Nous sommes une ville où le produit touristique est d’un certain standing, nous ne pouvons pas être favorables à l’arrivée de charters en grand nombre. Cela déséquilibrerait le produit et risquerait de nous exposer face aux conséquences du tourisme de masse.» Pourtant, sur le terrain, ce tourisme de masse a largement fait ses entrées à Fès. Beaucoup de professionnels indexent «Maxi » « et Etapes Nouvelles » qui pratiquent des prix bas. « Dans une ville où plus de 45% de la capacité est en cinq étoiles, c’est une stratégie de groupe qu’il faut adopter », poursuit M. Faceh qui fait remarquer que « les hôtels de Fès, comme beaucoup de ceux des autres villes marocaines, affichent arbitrairement une étoile de trop ». Un pavé dans la mare ? En fait, si l’hôtellerie poursuit son chemin de croix, la maison d’hôte elle, jubile. On en compte une bonne vingtaine dans la Médina. Certains hôteliers les accusent de concurrence déloyale. Réfutation du président du GRIT : «On a besoin des ryads, c’est une nouvelle mode. Beaucoup de touristes viennent à Fès pour ces demeures de charmes, ils veulent visiter le coeur de la Médina. C’est comme le phénomène suscité par les Relais et Châteaux dans les années 70. De plus, il n’y a pas de concurrence avec les hôtels puisque les prix sont différents, la clientèle est différente. La plupart des ryads vendent la nuitée entre 1 500 dirhams et 2 000 dirhams contre 600 à 700 dirhams aux Mérinides ou au Sheraton»! Bref, la réalité est ailleurs. Le produit a besoin du sang neuf, de nouveaux produits. L’extension du golf de 9 à 18 trous. Ce projet accompagné d’autres réalisation devra redonner de l’animation à une ville qui n’en dispose pas malgré son statut de capitale culturelle du Maroc. Ces problèmes ne retarderont pas la transformation du GRIT de Fès en CRT, échéance repoussée à plusieurs reprises. «D’ailleurs quelle différence entre le GRIT et le CRT, juste une simple transformation d’un nom à un autre ?», s’interroge M. Faceh. Quoi qu’il en soit, Fès entend, elle-aussi, sacrifier à la mode. Rendez-vous est donné pour début 2004. D’ici là, les choses iront beaucoup mieux. Mais, rappelle, le président du GRIT, «il ne faut pas attendre la reprise, il faut la préparer. Pour cela, les éducateurs semblent être la voie royale tout désignée. « Entre 2002 et 2003, nous avons réalisé 2 500 prises en charges sur Fès entre les marchés potentiels d’Europe et du Canada. Nous avons organisé le SNAV 1. Actuellement, nous faisons tout pour attirer le Selectour». Autant d’efforts qui finiront sans doute par être payants

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