La pauvreté et la dégradation de l’environnement représentent des problématiques majeurs pour une grande partie du monde rural marocain. Or, ceux ne sont plus des fatalités car des solutions existent. Certaines ont même déjà été adoptées. Cependant, leur degré de faisabilité voire d’efficacité n’est pas toujours établi.
Le monde rural se trouve dans un contexte et une culture particuliers auxquels il ne faut pas s’opposer mais s’adapter.
Dans cette perspective, sans être une « bouée du sauvetage », le tourisme rural offre une solution idéale et elle paraît d’autant plus appropriée dans les sites ruraux à fortes potentialités touristiques -d’ailleurs nombreux à travers le territoire national et non encore mis en valeur. Même si d’aucuns le qualifient déjà d’ « effet de mode », son concept est non seulement ancien mais en plus il a déjà fait ses preuves dans plusieurs pays étrangers.
Dès lors, pourquoi un tel engouement vis-à-vis de ce type de tourisme?
Plusieurs raisons peuvent être avancées : comme souligné précédemment, le tourisme rural permet d’assurer, et ce à moindre coût, un développement durable qui vise la protection et la préservation de l’environnement naturel, culturel et social. En d’autres termes, la déclaration de l’OMT l’a défini en tant que vecteur de développement local : « le tourisme rural est toute forme de développement, aménagement ou activité touristique qui respecte et préserve à long terme les ressources naturelles, culturelles, sociales et éthiques et contribue de manière positive au développement économique du milieu rural, à la valorisation de ses productions et ses patrimoines et à l’épanouissement des individus qui vivent, travaillent ou séjournent dans ces espaces. » Aujourd’hui, tous les acteurs du tourisme national savent que chaque jour le risque de vieillissement et de saturation du produit Maroc grandit. C’est pour cela que le tourisme rural permettra de pallier cela par une diversification à grande échelle avec un tourisme vert, sportif, d’aventure, de traditions, de patrimoine rural… Etant conscient de cela, le ministère du Tourisme a élaboré une stratégie globale de développement du tourisme rural dans notre pays. Afin de soutenir cet objectif ambitieux, l’USAID a financé un programme d’assistance triennal (2003-2005) mis en oeuvre par la société Chemonics International inc.
Ce projet couvre tant le développement des produits de tourisme rural que leur commercialisation (sous forme de circuits et packages), ainsi que l’acquisition de compétences spécifiques par les acteurs de ce type de tourisme.
L’approche de cette démarche met l’accent sur la structuration de l’offre sur la base de Pays d’accueil touristiques (PAT) suite à l’accord d’application et l’étude du PNUD/OMT.
Les nouveaux PAT prioritaires sont au nombre de trois et regroupent le sud culturel : PAT d’Immouzzer des Ida Ou Tanane dans la région d’Agadir, le nord et la Méditerranée : PAT de Chefchaouen autour du parc de Talassemtane et le centre et son côté « nature » : PAT d’Ifrane.
Parmi les nombreuses actions mises en place dans ces zones, on trouve le développement de nouveaux circuits touristiques attractifs.
Ceux-ci répondent aux attentes d’une clientèle familière au tourisme rural et au sens écologique affirmé, un esprit d’aventure, un goût pour le sport plus ou moins prononcé et l’envie de connaître les cultures autochtones par le biais d’expériences nouvelles telles que l’immersion chez l’habitant. En un mot, cette clientèle désire découvrir de nouveaux espaces naturels ruraux et les cultures qui y sont associées tout en participant directement au développement local. D’autres actions concrètes dans ces PAT se basent sur l’approche participative avec l’implication de tous les acteurs : des administrations au secteur privé en passant par les associations professionnelles et la société civile.
Dans ce but, les consultants et experts de Chemonics/USAID en collaboration avec le ministère du Tourisme ont organisé des formations en tourisme rural : la première a eu lieu à Chefchaouen l’année dernière et la dernière à Agadir au mois de juin dernier. Ces ateliers ont été destinés à plusieurs acteurs locaux.
Toutefois, malgré ces actions très louables, il reste encore du chemin à parcourir pour concrétiser tous les objectifs fixés par la stratégie de développement du tourisme rural. Cela passera indubitablement par une bonne connaissance des règles inhérentes aux pratiques du tourisme rural ainsi que la mise en oeeuvre d’actions concrètes de promotion et de commercialisation telles que TC « Recommandations » f C l « 1 » des eductours, l’élaboration de brochures, de guides et de manuels d’interprétation reprenant l’ensemble des caractéristiques de chaque PAT (patrimoine historique et culturel, géographie, biodiversité: faune, flore…).
En outre, des subventions auprès des communautés locales permettraient de baliser les circuits et de renforcer la signalisation en général surtout concernant les sentiers pédestres, la sauvegarde et le respect de l’architecture traditionnelle des anciennes habitations aux nouvelles constructions et le regain de traditions. Quant aux subventions vis-à-vis des initiatives privées, elles devraient concerner, tout d’abord, le développement de capacités d’accueil de type rural (gîte, auberge, chez l’habitant..), la formation du personnel de ces centres d’accueil et de guides spécialisés et l’encouragement vis-à-vis des métiers d’artisanat et des activités rurales, malheureusement en désuétude.
D’autre part, l’initiative privée engagée dans le développement durable doit être renforcée en particulier celle des agences de voyages notamment celles qui sont spécialisées. Dans une plus grande mesure, il faudrait susciter une prise de conscience collective de l’intérêt du tourisme rural et la mise en réseau des acteurs tels que les associations avec les promoteurs, autour de ce projet.
En termes de conclusion, il semble impératif d’assurer le suivi et la commercialisation des circuits élaborés dans la cadre du développement rural par le biais d’une stratégie commerciale efficace, d’une évaluation rigoureuse en aval et d’un suivi auprès de la clientèle et des prestataires de services.
Dès à présent, force est de constater qu’aujourd’hui, l’engagement de tous les intervenants, leur dynamisme et leur volonté constituent des fondements solides à l’essor du tourisme rural au Maroc.
Cette persévérance assurera la coordination des actions et le suivi des démarches établies par des actions concrètes sur le terrain.
Cela se fera d’autant plus rapidement que les collectivités locales et surtout les communes s’impliquent davantage dans ce nouveau défi et encouragent les initiatives privées. Ainsi, le tourisme rural et ses bienfaits pourraient être étendus à d’autres sites du Royaume.
• Hassan ABOUTAYEB
Consultant en tourisme rural