Economie

Transport touristique : Les freins du mal

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A la veille de l’été 2005, le secteur touristique est confronté à un véritable problème. Le parc en véhicules est insuffisant pour combler les besoins des prestataires de services. A Tanger où des TO français étaient en repérage la semaine dernière, l’on compte en tout et pour tout sept bus, sept autocars tourisme dont les propriétaires étaient incapables de présenter les couvertures des polices d’assurance à l’exception de la R.C. avec des couvertures ridicules.
Dans tout le pays, les réceptifs ont du mal à honorer les engagements pris auprès du TO, à assurer le transferts de la clientèle dans toutes les conditions de sécurité avec, toutes les assurances et toutes les vignettes. «La situation est dramatique», déclare Saïd Scally, président du Conseil régional du tourisme à Agadir et par ailleurs, président de FST, qui est la société ayant le plus grand parc du Maroc. Face à la faiblesse de l’offre, les agences de voyages marocaines sont obligées de louer des bus à partir de l’Espagne pour les mois de juillet et août. Privilège exceptionnel dévolu à Atlas Voyages mais qui est rarement accordé aux autres réceptifs.
Une situation paradoxale pour un pays qui espère tripler sa capacité d’hébergement et accueillir 10 millions de touristes à l’horizon 2010. Actuellement, si l’on tient compte des statistiques, le parc roulant au Maroc atteindrait à peine 700 bus. Dans ce total, selon les estimations des opérateurs eux-mêmes, environ la moitié se livre à diverses activités qui n’ont rien à voir avec leurs autorisations. Beaucoup s’improvisent transporteurs touristiques. Le chaos est total. A Agadir, comme le témoigne Doreen Ohayon, une commission a été constituée en partenariat avec la délégation touristique. Objectif, décourager les clandestins et ceux qui exercent dans l’illégalité.
Pour M. Scally, il faut au minimum 2 000 bus pour couvrir tous les besoins du pays en créant de la concurrence et de la qualité.
De nombreux opérateurs imputent la faiblesse des investissements consentis à une législation jugée contraignante. Un transporteur touristique n’a pas le droit d’acheter un véhicule usagé de plus de quatre ans. De plus, la loi fixe à dix ans, la durée d’exercice d’un véhicule de transport touristique», déclare Saïd Benazzouz, agent de voyages. De leur côté, les Tour Opérators exigent en général des bus de moins de quatre à cinq ans d’âge.
Rappelons que seules les sociétés de transport touristique sont autorisées à exercer dans cette niche, devenue un gâteau juteux pour une multitude d’agences de voyages ambulantes, exerçant dans l’illégalité la plus totale.
Les mailles de la réglementations seraient-elles assez larges, puisque seules 30% des demandes d’autorisations se traduisent en investissements.
Durant ces quatre dernières années, explique-t-on à la Commission des Transports, il n y a presque eu aucun rejet de dossier. Un hic tout de même.
A fin 2004, sur les 1 772 autorisations délivrées dans la catégorie autocars, 1.155 n’étaient pas exploitées. Scénario identique dans la catégorie des minibus où sur les 1.859 agréments accordés, 1.140 ne sont pas utilisées. Chez les véhicules légers, ce sont 2.826 autorisations qui sont données. La moitié, soit 1.140 sont toujours en jachère.
Comble du paradoxe, plus d’un millier d’agréments ont été donnés à des sociétés ne possédant pas de parc.  Sous le couvert de l’anonymat, de hauts fonctionnaires qui siègent dans la commission du Transport affirment que certains demandeurs d’agréments, en général les petits prestataires, effectuent cette démarche dans le seul but de faire clandestinement du transport international de voyageurs. Les cas sont nombreux.
Une situation qui a conduit à la réflexion menée conjointement depuis six mois entre le ministère du Tourisme et celui du Transport.
Objectif, dresser un diagnostic complet et, suivant le résultat, lancer une étude stratégique pour le secteur. Au final, la réflexion débouchera sur une réglementation plus souple. Est-ce dire que la démarche actuelle pour l’obtention d’un agrément de transport touristique, démarche bipolaire puisque soumise au préalable au visa du ministère du Tourisme, avant toute discussion dans la commission du Transport, a montré ses limites?
En attendant, expliquer la carence réelle en autobus par des contraintes légales est exclue, explique-t-on au ministère du Transport, puisque des entreprises comme Holidays Services, FST entre autres, continuent d’acheter des bus par lot de trente à quarante. Mais là aussi, déclare M. Scally, il ne faut pas que nous soyons l’arbre qui cache la forêt : «Nous renouvelons notre parc, nous n’investissons pas» ! et que notre grand contrôleur qui décide de la qualité de nos autocars reste le client et non pas le délégué du ministère du transport» ! Il y a des autocars de sept – huit à dix ans de meilleur qualité que ceux de deux ans…
Je ne comprends pas que la durée de vie pour un autobus touristique est passée de 7 à 10 ans dans les textes. Mais dans les faits, les véhicules affectés à cet usage roulent sans aucun véritable contrôle, les ministères (Tourisme et Transport) devraient écouter les doléances des Tours Opérator sur la qualité des autocars actuels. Ils seront surpris d’apprendre qu’il y a moins de 300 autocars acceptables comme pour les conditions européennes. Cela me rappelle pour l’hôtellerie à Agadir par exemple les bons hôtels représentant 30 % de la capacité d’Agadir tournent à 90 % et les 70 % tournent à 30 % et détruisent notre image. Le ministère peut selon la qualité des autocars l’arrêter à cinq ans et l’autoriser à 10 – 12 voire 15 ans.

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