Economie

Un rapport épingle la hiérarchie de Jérome Kerviel

Les fonctions de contrôle ont été sacrifiées sur l’autel de la performance au sein de la banque d’investissement de la Société Générale, ce qui a permis au trader Jérôme Kerviel d’agir sans être inquiété, selon le rapport d’un cabinet d’audit publié vendredi.
Au sujet du desk Delta One, où travaillait M. Kerviel, PriceWaterhouseCoopers (PWC) écrit: «L’environnement général n’a pas favorisé l’émergence de fonctions de support fortes», ce qui a créé un «déséquilibre» entre les traders et les contrôleurs qui n’ont pas été «en mesure de développer un véritable regard critique inhérent à leur rôle».
Pour y remédier, la Société Générale, conseillée par PWC, a lancé un «chantier d’évolution des mentalités», qui vise à trouver un meilleur équilibre entre le développement des activités et la maîtrise des risques et à renforcer les fonctions de contrôle dans «leurs moyens, leur indépendance et leur autorité».
Concrètement, la banque a entrepris en mars de réviser à la hausse la grille de rémunérations des contrôleurs et des inspecteurs.
Pour André Lévy-Lang, qui a dirigé Paribas, «il faut absolument éviter que la salle de marché se scinde en deux, avec d’un côté les traders-seigneurs et de l’autre les contrôleurs-manants», a-t-il expliqué récemment.
Le président de la Fondation pour le risque recommandait également «d’augmenter la part des bonus revenant aux inspecteurs», relevant que cette population était «très bien payée» dans les pays anglo-saxons.
Pour le «comité spécial» indépendant, créé par la Société Générale fin janvier après la découverte de la fraude présumée qui lui a coûté 4,9 milliard d’euros, la réussite du «programme de transformation» engagé par la banque repose sur sa capacité à insuffler «une culture de responsabilité, de discipline et de respect mutuel» à l’ensemble de ses collaborateurs. Cela passe notamment par la rédaction de manuels de référence, des programmes de formation ou encore des actions de communication interne.
Des deux rapports rendus publics vendredi soir, celui de PWC et celui de l’Inspection générale, il ressort en effet que SG CIB, la banque d’investissement et de financement du groupe, s’est développée très rapidement, sans augmenter suffisamment les moyens affectés aux fonctions de contrôle et au système informatique.
Le bénéfice net de SG CIB a ainsi été multiplié par 3,4 entre 1999 et 2006, passant de 681 millions à 2,34 milliards d’euros. A fin 2006, le rendement de ses fonds propres (qui mesure le retour sur investissement) atteignait 46,2%, ce qui faisait de SG CIB une des banques les plus rentables du monde.
Pour expliquer que la hiérarchie directe de Jérôme Kerviel n’ait pas détecté son «activité frauduleuse», l’Inspection met ainsi en avant «un contexte opérationnel rendu difficile par une forte et rapide croissance de l’activité». Et de citer un doublement des volumes en douze mois, des effectifs «front office» (salle des marchés) passés de 4 à 23 en deux ans, la multiplication du nombre de produits et un «middle office [contrôleurs, NDLR] en sous-effectif chronique en 2007 à la suite de nombreux départs».
Reste pour la Société Générale un défi majeur: celui de ne pas compromettre, par un excès de contrôle de ses activités de marché, les facteurs qui ont assuré leur croissance ces dernières années, au point de faire de SG CIB l’une des banques d’affaires les plus prospères et enviées au monde.


• Eve Szeftel (AFP)

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