Economie

Union européenne : Qu’il soit faible ou fort, l’euro reste mal aimé

En 2000, le tout jeune euro était au plus bas face au dollar, et les Cassandre ne donnaient pas cher de l’avenir de cette "monnaie de singe". Sept ans plus tard il est toujours là et cette fois plus fort que jamais, mais les Européens restent nombreux à se lamenter. Le 1er janvier, la monnaie unique va célébrer son 9è anniversaire dans un climat d’inquiétude paradoxal, au moment où il est de plus en plus prisée dans le monde : il s’est apprécié  jusqu’à 14% face au billet vert depuis le début de l’année à presque 1,50 dollar, et de 27% depuis son lancement en 1999. Cette hausse, si elle limite la facture énergétique de l’Europe libellée en dollars, handicape aussi certains exportateurs et pèse par contrecoup sur la croissance. L’industrie aéronautique européenne, EADS ou Dassault aviation, dont les coûts sont en euros mais qui vend ses produits en dollars, monnaie de référence dans le secteur, menace à présent de transférer une partie de sa production vers d’autres cieux. «Nous ne pouvons supporter un tel écart en produisant et en achetant en zone euro. La démarche naturelle va être la délocalisation dans des zones dollar ou à bas coût, comme cela a été fait par l’industrie automobile», a prévenu le président de Dassault aviation Charles Edelstenne. Le patron d’EADS, Louis Gallois, appelle pour sa part l’Europe "à se réveiller" et à ne pas "démissionner" face à la glissade du billet vert. «L’euro est aux yeux du public et de certaines personnalités politiques responsable de tout et de son contraire. À son lancement, il était responsable de l’inflation. Aujourd’hui, l’euro est responsable du ralentissement de la conjoncture», souligne dans une étude Patrick Artus, économiste de la banque Natixis. Mais à ses yeux «le responsable n’est pas l’euro, c’est le dollar», qui fait les frais de la fragilité d’une économie américaine ayant vécu à crédit du reste du monde pendant trop longtemps, ajoute-t-il. Problème : les gouvernements de la zone sont largement impuissants face aux oscillations de leur monnaie. Ils viennent de lancer une offensive pour réclamer à la Chine qu’elle laisse sa monnaie s’apprécier plus vite. Mais Pékin répond qu’il ne se laissera pas forcer la main. Pour le dollar, la difficulté est encore plus grande car les Etats-Unis, en dépit de leurs déclarations officielles récurrentes en faveur d’"un dollar fort", s’accommodent pleinement de la faiblesse de leur monnaie. Elle soutient leurs exportations à un moment où la croissance du pays ralentit. Le manque de cohésion des Européens sur le sujet ne les aide pas non plus au niveau international. Alors que la France, préoccupée par un déficit commercial record, sonne depuis des mois le tocsin sur l’euro fort, l’Allemagne, qui jouit d’importants excédents commerciaux, mais aussi des pays comme les Pays-Bas ou l’Autriche, refusent de dramatiser. Signe néanmoins d’un possible changement de cap: le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück, qui proclamait il y a encore peu "préférer un euro fort à un euro faible", vient pour la première fois de reconnaître les effets négatifs de l’appréciation de la monnaie unique. Les dissensions européennes sont encore accentuées par les critiques récurrentes adressées par Paris à la Banque centrale européenne. La France lui reproche de maintenir des taux d’intérêt trop élevés par un souci exagéré de contenir l’inflation, et par là de contribuer à faire grimper l’euro. L’Allemagne défend au contraire le travail de la BCE, héritière de la très orthodoxe Bundesbank. «Je m’engage résolument pour l’indépendance de la BCE», a dit en forme de mise en garde la chancelière Angela Merkel.

Yacine Le Forestier (AFP)

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