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Zakaria Fahim: Faire de Hub Africa le porte-étendard du made in Africa

© D.R

Entretien avec Zakaria Fahim, président de Hub Africa et fondateur de BDO (ex président CJD)

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A l’issue de la 4ème édition, le président de Hub Africa dresse le bilan mais rappelle également les enjeux d’un tel événement.
Le Sénégal, choisi comme invité d’honneur se justifie par le dénominateur commun avec le Maroc que représente la Tijania, mais aussi de la proximité politique. Créer de la visibilité vers l’Europe mais profiter également d’outils expérimentés ailleurs, sont aussi les axes d’un tel événement visant à promouvoir le partenariat triangulaire Maroc-Afrique-Europe. Les dates de la 5ème édition sont déjà arrêtées  aux 13 et 14 avril 2017 de telle sorte à faire de Hub Africa le porte étendard du made in Africa.
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ALM : Pourriez-vous nous faire un premier bilan de cette 4ème édition de Hub Africa avec le Sénégal comme invité d’honneur ?

Zakaria Fahim : D’abord, un succès d’affluence. Pendant les deux jours l’Office des changes n’a pas désempli. Un record avec plus de mille rencontres B2B entre entrepreneurs. De nombreux partenariats signés ou engagés. Les discussions d’affaires ont même continué tard le soir dans les hôtels où étaient logées les délégations d’entrepreneurs. Cette édition a permis à tous ces participants de rentrer au cœur de l’écosystème de l’entrepreneuriat africain. Ce fut le lieu pour trouver le moyen d’y agir avec efficacité. Entrepreneurs, jeunes créateurs, dirigeants de start-up, financeurs,  incubateurs, experts…, tous les acteurs de cet écosystème ont été connectés vers le même objectif. Construire l’Afrique des entrepreneurs et les connecter avec les investisseurs fut, en effet, la mission première de l’événement.
Le Sénégal, choisi comme invité d’honneur, se justifie par le dénominateur commun avec le Maroc que représente la Tijania, mais aussi de la proximité politique.
Nous voulons remettre les entrepreneurs au centre des préoccupations des décideurs pour construire des partenariats qui créent de la valeur par la vraie force de nos deux pays : la TPE et la PME.

Concrètement, quels sont les axes phares qui ont été retenus pour développer le partenariat triangulaire Maroc-Afrique-Europe ?

Le Maroc a anticipé sa transformation et légitimer ainsi  sa vocation de Hub Africa  en  consolidant avec succès les défis suivants : infrastructurels,  (2ème réseau ferroviaire et aérien d’Afrique) financiers (1er centre financier avec l’entrée dans la cour des grands de Casablanca Finances City), énergétiques (première centrale solaire au monde à Ouarzazate), agricoles (développement des produits du terroir), et sécuritaires.
Tout cela passe par l’implication de nos entrepreneurs, les bâtisseurs du made in Morocco.Dans cette dynamique, nos entreprises, depuis plusieurs décennies opérant dans la finance, le transport aérien, le secteur pharmaceutique, l’immobilier, l’assurance, les télécoms, entre autres, sont maintenant solidement installées dans les pays de la sous-région sahélo-sahélienne, comme la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal, mais aussi en Afrique Centrale comme le Cameroun, le Gabon, voire l’Afrique Australe et de l’Est, en Angola et au Burundi. Par ailleurs, notre position géostratégique entre l’Europe, les Amériques et le reste du continent, baigné par deux océans, la Méditerranée et l’Atlantique, notre identité plurielle africaine, arabo-musulmane, juive et berbère font de nous un carrefour naturel qui nous prédestine à être un véritable hub du continent.

Quelles sont les formes de soutien dont bénéficie la plate-forme?

Ce projet est porté par NGE Impact qui a développé et gère les activités de la plate-forme.
Depuis cette 4ème édition Hub Africa a un co-organisateur : Maroc Export qui apporte son expertise et des ressources pour servir les PME marocaines bénéficiaires des services de Hub Africa pour ne citer que les pitchs, les rendez-vous B2B et le portail d’intelligence économique) .
S’agissant aussi de la promotion de la diplomatie économique, Hub Africa bénéficie du parrainage du ministère des affaires étrangères et de  la coopération et a reçu, depuis le début, le Haut patronage de Sa Majesté le Roi.
Nous avons aussi la contribution de grandes institutions comme la BAD, l’UPM, la CCPCAF, la CGEM, le CJD International, la Bourse de Casablanca, la CCG, Maroc PME…

Quelles sont les orientations prévues pour les prochaines éditions à court et à moyen terme ?

Nous voulons consolider nos acquis et donner l’occasion à tous ceux et celles qui veulent faire de Casablanca le hub des entrepreneurs et investisseurs de s’approprier Hub Africa.
Le tout pour un et un pour tous est nécessaire pour être visible sur les radars des entrepreneurs et investisseurs au-delà de la sphère francophone.
Nous voulons aussi asseoir le partenariat public-privé avec Maroc Export et devenir la référence et l’outil par excellence des entrepreneurs et investisseurs opérant sur le continent.

Le crowdfunding est une technique de levée de fonds encore méconnue au Maroc. Comment comptez-vous faire passer déjà sur le plan réglementaire ce dispositif et quelles sont les actions prévues pour sensibiliser les porteurs de projets à ce genre de financement ?

Nous avons lors de la 4ème édition mis en place une feuille de route avec l’appui d’Afineety 1ère plateforme de crowdfunding en equity en Afrique et le cabinet juridique Fidab, avant qu’ils soient connectés à un autre groupe travaillant sur la partie «don» pour avoir un texte global sur le  crowdfunding.
Il s’agit d’un modèle de rupture pour financer la phase d’amorçage des entreprises. Le projet de texte est soutenu par le gouvernement marocain et bénéficié de l’appui de l’ambassade des Etats-Unis. Nous serons ainsi les premiers sur le continent à légiférer sur ce type d’outils nécessaires pour apporter les ressources financières nécessaires aux start-up.

Ancien président du CJD (Centre des jeunes dirigeants), expert-comptable de formation, la casquette «entrepreneuriale» représente une suite logique. Quelles sont vos ambitions futures?

Pour moi, ces métiers sont complémentaires et s’interconnectent tout naturellement. J’ai toujours pensé que l’entrepreneuriat est un métier qui ne s’apprend pas forcément à l’école. Et Hub Africa sur ce volet se pose comme un  «Efficacilitateur» pour donner envie aux entrepreneurs d’apprendre et de faire apprendre à leurs collègues à travers les 50 modules de formations Plug&Play dispensés pendant les 2 jours du Hub.
C’est aussi un clin d’œil à mon principal métier, expert-comptable qui regroupe deux volets- l’entrepreneur et le médecin des entrepreneurs. En tant que managing partner, mon rôle est de donner envie aux entrepreneurs qui nous consultent d’oser le développement et notamment d’aller sur l’international en Afrique sub saharienne où les grands comptes ont joué le rôle de lièvre.
Mon  souhait est de mettre tous ces expertises et talents au service des entreprises pour qu’elles osent. Comme disait un coach du Quintuple champion du monde de Judo, la seule personne que l’on ne voit pas dans une salle c’est nous-mêmes. Alors, oui, mon prochain défi c’est promouvoir la convergence de ces compétences pour mieux servir notre continent et nos entreprises qui ont besoin  d’information et de conseil pour comprendre les Afriques et se développer en prenant les justes risques.

Vous parlez d’intelligence économique dans le cadre de la plateforme. Cela sous-entend la contribution de partenaires chevronnés sillonnant l’Afrique. Quelles sont les alliances tissées à ce niveau?

Le vrai challenge de nos PME marocaines et continentales est de comprendre le monde, les Afriques et d’agir vite et bien. Celui qui a l’information le premier gagne la compétition économique.
Nous nous devons de fournir la matière première de la prise de décision à nos PME de la façon la plus digeste et la plus facile à intégrer.
Nous nous appuyons sur les compétences d’un cabinet d’experts en intelligence économique  et bénéficions de l’assistance de l’un des meilleurs conseils en intelligence économique Philippe Clerc qui préside l’Association internationale francophone d’intelligence économique. Il anime, depuis 2013, le comité d’orientation sur l’intelligence économique de l’ITC (Centre du commerce international, ONU/OMC) à Genève. Il est, par ailleurs, conseiller en formation et coopération internationale auprès de la Délégation interministérielle à l’intelligence économique, et conseiller du secrétaire général de la Conférence permanente des Chambres de commerce francophones africaines (CPCCAF).
Nous bénéficions du savoir-faire et de l’accompagnement de son réseau.

Vous avez commencé votre discours d’ouverture par dire que l’entrepreneuriat est le plus beau métier. Pouvez-vous argumenter?

Oui, c’est mon intime conviction
Il est préférable d’avoir 1.000 entrepreneurs dans une région qu’une entreprise de 1.000 salariés.
En effet, le métier d’entrepreneur offre le cocktail nécessaire pour un acteur utile dans la cité et donner du sens à ses projets. L’entrepreneur par son innovation et sa capacité à saisir des opportunités là où les   autres voient des risques fait bouger les lignes et interpelle le politique à s’adapter au monde qui nous entoure.

Quelles sont vos recommandations pour que l’auto-entrepreneuriat puisse être créateur de valeur ajoutée et solution au chômage ?

Il est important pour les primo-entrepreneurs de développer l’esprit d’initiative très en amont à l’école et rappeler que l’entrepreneur démarre à l’école. Pour ceux qui sont déjà dans l’informel, il va falloir trouver les bons ambassadeurs pour donner envie de sauter le pas.
Pour cela, il est important très vite de les accompagner à rompre leur isolement en les mettant en réseau et en leur offrant des outils pour promouvoir leur business. Nous avons avec un collectif d’associations créé l’union des auto-entrepreneurs Bidaya. Notre objectif est de promouvoir le régime, le démocratiser et surtout faire du lobbying pour accélérer la mise en place de la couverture sociale.
Nous estimons  que pour un modèle de rupture, son déploiement passe naturellement par le mobile paiement. Celui-ci doit intégrer le système de retenue à la source pour installer la rupture et rendre opérationnelle la mise en orbite de la couverture sociale, attendue par tout un pan d’entrepreneurs de l’informel. Toutes les initiatives, la dernière en date relative à la couverture sociale des indépendants avec des assurances privées, a été interrompue, en l’absence de mécanisme pour obliger toute la population cible de cotiser. En effet, le dispositif classique de payer volontairement ne fonctionne pas.
Notre association prépare la mise en ligne d’un site multi-langues avec des points contacts dans les régions à travers les associations partenaires. Nous voulons offrir des services à valeur ajoutée et des pistes pour promouvoir leur business.

Le mot de la fin…

Hub Africa passe par l’amour de l’Afrique. Avec notre co-organisateur Maroc Export et tous nos partenaires, nous souhaitons asseoir Casablanca comme hub des entrepreneurs et investisseurs du continent. Nous voulons aussi être utiles en apportant notre plate-forme permanente au service de nos PME et ETI avec les B2B, la formation «plug & play» et les outils e-learning en intelligence économique
Et tel que le proverbe africain : «Si tu veux vite, tu peux aller seul, si tu veux aller loin, allons-y ensemble», le dit si bien, portons ensemble Hub Africa. La 5ème édition se tiendra les 13 et 14 avril 2017 de telle sorte de faire de Hub Africa, le porte-étendard du made in Africa.

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