Editorial

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Le sondage que nous vous présentons aujourd’hui laisse perplexe à plus d’un titre. Il y a d’abord notre méfiance viscérale à l’égard de la « sondomanie » et aux manipulations diverses qu’elle permet.
On peut effectivement bidonner un échantillon, bricoler une méthodologie, fabriquer un panel ou carrément lisser des résultats pour un objectif précis. Si, par exemple, on pose une question à deux personnes et si les deux divergent sur une réponse, c’est clair ça fera du 50/50. Si l’un ne répond pas, on aura en effet la moitié des questionnés qui ne se seraient pas prononcés. Et l’autre moitié qui a répondu d’une seule et même voix. Le sondage c’est vraiment bizarre quand ce n’est pas sérieux. Même les questions se prêtent à des pratiques peu communes. Si l’on pose une question ordinaire à un Marocain du genre : « Est-ce que vous préférez être riche, en bonne santé et heureux ou pauvre, malade et malheureux comme une âme en peine ? », je suis sûr d’avoir du 90% de réponse positive. Les 10% qui ont dit non ont tout simplement des problèmes d’audition ou ont une conscience de classe tellement élevée qu’ils ont décidé très tôt d’offrir leur corps à la science, leur cerveau à la postérité, leur esprit au chagrin et leur portefeuille au diable. Mais il est clair qu’après avoir torché une telle question on peut postuler à un poste de conseiller référendaire titulaire sans avoir à rougir de son parcours. Ensuite, au-delà de la méfiance à l’égard des sondages, il y a la peur de ce que l’on va trouver. Le monde ou sa représentation. Une photo de l’opinion publique à un moment donné ou une vérité durable et éternelle. Des éléments pour comprendre notre vie et notre univers social et politique, ou des arguments pour casser des adversaires coriaces. Un désir honnête et sérieux de comprendre ou une tentative de manipulation grossière. Vous voyez bien que les sondages ne sont pas une affaire simple. Et pourtant… Nous vous livrons pour notre première semaine de parution – un cadeau dans la corbeille de la mariée – un sondage national sur la vie politique marocaine. Il nous fallait – et c’est notre souci quotidien – avant de se dire bonjour de savoir de quoi nous allons précisément parler ensemble. C’est une démarche comme une autre. Le sondage que vous allez découvrir a été réalisé par CSA-TMO, une boîte marocaine sérieuse aux références déjà consistantes et affiliée à une agence française prestigieuse dans ce domaine.
L’autre partenaire, C’est Maroc 2020, l’ONG marocaine hyperactive sur le front de la société civile et qui s’est spécialisée notamment dans l’expertise, la recherche et la connaissance de notre société afin de développer et de renforcer son potentiel d’association de plaidoyer.
Dans ce dessein, Maroc 2020 lance une série d’enquête et de sondage sur le pays en cette année préélectorale. Nous avons estimé utile à ALM de nous associer à ce premier sondage politique dans le but d’offrir à nos lecteurs, en primeur, les moyens de se faire, à un moment donné et sur la base d’un échantillon, une opinion sur la situation politique du pays. L’ambition est donc délimitée, précise et contenue. Elle vaut ce que vaut l’échantillon retenu.
Or, c’est l’une des rares fois dans un sondage dans notre pays où nous avons un échantillon bien cadré qui correspond aux normes scientifiques internationales en la matière. 1200 personnes, de tous âges, de toutes catégories et de toutes conditions, questionnées à travers tout le royaume. Cela permet d’avancer des résultats avec un peu plus d’assurance que si on avait questionné 100 personnes entre Casa et Rabat par portable. Pour les résultats, vous êtes juges. C’est vous qui voyez. Le débat est ouvert.

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