Editorial

A bilan, bilan et demi

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Nous ne savons pas si les partis de la majorité actuelle font faire campagne ensemble, pour les prochaines élections législatives. Ils ont été au gouvernement ensemble, il serait normal qu’ils défendent, solidairement, leur bilan d’une seule et même voix. Ça serait cohérent et les électeurs retrouveront, devant eux, ceux pour qui ils ont voté. Ils viendraient leur rendre compte de ce qu’ils ont fait de leur confiance.
Mais apparemment sous nos cieux, cela ne va pas se passer de la même manière. L’Istiqlal, parti au demeurant très historique et très important, malgré son soutien et sa participation au gouvernement, n’a strictement aucune envie politique de défendre un bilan, qu’il trouve déficitaire. Une histoire d’écriture comptable. Ce bilan, il veut rapidement le mettre au crédit de ses alliés gouvernementaux Ittihadis. Qu’ils boivent leur soupe, seuls, jusqu’au dernier pois chiche.
Ceci étant, Abbas El Fassi, tout en maintenant la pression, il concède généreusement au gouvernement actuel quelques acquis qu’il nuance rapidement. Pour lui, et c’est dans son discours de Meknès de dimanche soir dernier devant les militants du parti, le bilan est bon pour les libertés publiques, pour la diplomatie, pour le social notamment pour la lutte contre les effets de la sécheresse (7,5 milliards de dh) et la promotion interne exceptionnelle des fonctionnaires (6 milliards de dh). Mais Abbas El Fassi regrette en même temps que ce bilan positif reste méconnu de la population à cause du déficit de communication du gouvernement. Là on en sait plus si on doit rire ou rouler sous la table.
Ou alors, il est très fort. Si le gouvernement est déficitaire en matière de communication, on ne peut pas dire que Abbas El Fassi, le premier, lui donne un grand coup de main. Bien au contraire dès qu’il peut il lui fait le coup de la distanciation. Toi c’est toi et moi c’est moi. En fait, il lui taille un costard. Pour le bilan positif avancé on ne sait pas si le patron de l’Istiqlal fait dans le second degré ou s’il se moque de son monde. Pour les libertés publiques, pratiquement tous les projets de loi fondamentaux sont en gestation ou mal engagés. Pour la diplomatie, le cauchemar que nous sommes en train de vivre avec l’Espagne, par exemple, n’est pas à proprement parler une réussite diplomatique. C’est plutôt la sanction d’un travail diplomatique sans âme, brouillon et désordonné. Pour le social, outre le fait que le plan anti-sécheresse est la conséquence d’une catastrophe naturelle et sociale, on ne peut pas le présenter comme l’aboutissement d’une politique sociale ordinaire, budgétisée et programmée. Il demeure exceptionnel y compris dans son mode de financement. Quant, à la promotion interne exceptionnelle des fonctionnaires, nous ne savons pas si elle traduit une vision nouvelle et moderne de la fonction publique pour le siècle à venir ou simplement un traitement électoraliste d’une question sociale, certes importante, mais dont l’impact sur le budget de l’Etat est considérable.
L’on voit bien qu’en guise de bilan positif Abbas El Fassi ne nous rassasie pas. Certainement parce que là n’est peut-être pas son intention.
Par contre, sur les aspects négatifs du bilan, il est très convaincant. Cela s’appelle de la haute voltige. Si le leader de l’Istiqlal continue sur sa lancée, c’est sûr nous finirons tous par voter pour lui, un jour.

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