Editorial

Bonjour

Quand un être a vécu intimement l’expérience des écrits de Abdelkébir Khatibi, il bannit de son univers toute propension à l’indulgence intellectuelle. Dans le sens où il réfutera, désormais, la facilité, le confort des idées lapidaires et se méfiera, surtout, de tous les dispositifs de séduction quand ils n’expriment aucune authenticité. Quand ils ne sont pas bâtis sur une exigence personnelle irréductible. Au carrefour des diverses disciplines qui fondent les sciences humaines, Abdelkébir Khatibi a érigé un promontoire, et il s’y est installé, à la bonne  hauteur, pendant plus de 35 ans pour faire le guet. Pour nous. Il observait, il analysait, il restituait, il reformulait, il éclairait, il racontait, il expliquait… Toute son œuvre — une  vie pleine — dédiée à questionner, avec obstination, notre identité, notre mémoire, notre spécificité, notre singularité, et plus il avançait sur cette voie, plus il sublimait la part d’universalité qu’il y a en chacun d’entre nous. Un aller-retour incessant, entre un centre improbable, parfois miné par le doute, et une périphérie incertaine, mais souvent réconfortante. Ce mouvement pendulaire est l’exacte adresse, la marque, «le tatouage» des grands écrivains dont les récits, les idées, le verbe, constituent des balises pour les hommes perdus. La disparition de Abdelkébir Khatibi nous prive, tous,  d’un guetteur vigilant qui produisait de l’intelligence, naturellement, simplement, —  comme les abeilles font du miel —, juste en regardant la vie dans les yeux.

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