Le SIAM (Salon international de l’agriculture au Maroc) commence à devenir une affaire sérieuse. Les exposants sont de plus en plus nombreux, les espaces plus structurés, les produits plus diversifiés, les pays représentés plus nombreux. Bref, c’est une affaire qui, objectivement, a l’air de marcher. Une agriculture, en général, populaire et pauvre avait besoin d’un événement, en gros, riche et moderne pour la tirer vers le haut. Maintenant ce ne n’est pas tout. Le Plan Maroc Vert a seize déclinaisons régionales. Une agence de développement voit le jour. Une autre pour la sécurité alimentaire aussi. Le ministère s’offre également un lifting organisationnel. Le secteur qui, pendant des années, était plongé dans le sommeil du juste, se réveille. Un peu féodal, un peu négrier et un peu rentier, il vivait au rythme des saisons. Souvent une seule pour dire la vérité: la sécheresse. Notre paysan — à qui comme tout le monde, ces derniers temps, je demande pardon d’emblée — «n’est pas assez entré dans l’histoire. (…) Depuis des millénaires, (il) vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès.» Le gars qui a écrit cela écrit bien, mais il ne connaît rien aux paysans de chez nous. Notre paysan demande juste le droit d’avoir un bout de terre, quatre saisons et une bonne pluviométrie. Pour le reste, il se débrouillera. Notamment avec le Crédit Agricole. PS : Pardon à Nicolas Sarkozy pour l’emprunt à son fameux discours de Dakar. Pardon à Ségolène Royal pour l’emprunt à son pardon de Dakar au sujet du fameux discours de Dakar de Nicolas Sarkozy. Voilà, je crois que c’est clair.