Les peines requises dans le procès Belliraj renforcent le caractère surréaliste de cette affaire. Il est clair qu’un traitement, à la découpe, de cette affaire aurait favorisé davantage la justice. Des affaires criminelles, mélangées à des actes manifestes de barbouzeries, associées à des règlements de comptes politiques donnent en effet à ce procès toutes les chances pour passer à côté de la justice et de l’équité. La complexité de cette affaire vient essentiellement du montage théorique qui a été à son origine. Manifestement, on a pris une hypothèse farfelue — ou de faible consistance— que l’on a traduite dans la réalité sans aucun souci de vraisemblance ou de cohérence. Qu’est-ce que cela donne ? Un truand maroco-belge qui n’est pas inconnu des services. De tous les services. Des crimes internationaux non élucidés. Un trafic d’armes sérieux à cheval sur la Méditerranée. La queue de la comète d’un mouvement intégriste en voie d’institutionnalisation. Des dirigeants de partis politiques, autrefois en rupture de ban, exerçant dans la légalité, etc. Tout cela mis bout à bout dans des PV de police rédigés à la hâte nécessite des années d’instruction et surtout un travail de fond, professionnel et scrupuleux, pour démêler le vrai du faux, le juste de l’injuste, la réalité de la manipulation. La justice marocaine, héritant d’une affaire mal ficelée dès le départ, n’a pas besoin d’un procès bâclé supplémentaire qui renforcerait les crises multiples qui la traversent. Et qui annihilerait les efforts sincères fournis dans l’espoir de sa mise à niveau.