Tout salir. Faire douter de tout. Tout abîmer. Tout réduire à néant. Tout nier. Nous sommes, aujourd’hui, sans repères, sans orientation et sans références. Nos médias sont devenus la caisse de résonance du vide. Et croyez-moi, ça fait du bruit. A longueur de colonnes, d’écrans, d’ondes, de claviers, etc., les spécialistes du rien ont pris le pouvoir. Suivis de près par les champions du vide. Et les professionnels du creux. C’est sidéral. L’élargissement des espaces de la liberté d’expression et la libération de l’audiovisuel ont attiré beaucoup de promoteurs dans ce pauvre secteur. Ils l’investissent. Comme les promoteurs immobiliers. Ils lotissent, ils vendent à la découpe, ils commercialisent, ils font de médias-témoins, s’offrent de pseudos professionnels qui tournent en rond, salarient des nègres, achètent des éditos, louent des idées, et finissent par devenir des confrères. La belle affaire! Comment faire d’un affairiste un journaliste ? La question peut s’inverser mais ce n’est pas le sujet du jour. L’affairisme est-il un journalisme? Est-il un humanisme? «Ecoute mon cher ami, moi, je monte un journal pour défendre mes intérêts. Pas pour le débat, les idées et toutes vos conneries de journaleux vermoulus. C’est simple. Moi, celui qui me touche, je lui rentre dedans. C’est tout. Je peux tenir longtemps. Mon argent, je le gagne ailleurs. Et vous allez me supporter pendant longtemps.» Cette tirade célèbre d’un promoteur de presse réputé est authentique. Elle dit tout. Explique tout. Et montre dans quel état est devenu ce pauvre secteur réceptacle de toutes les frustrations, de toutes les indigences, de toutes les bassesses, de toutes les combines. Les professionnels accordent beaucoup d’espoir dans les débats qui se préparent autour du secteur notamment au Parlement. L’espoir de la dernière chance. L’espoir de ceux qui ont tout perdu. L’espoir de ceux qui n’ont pas su, ou pu, protéger suffisamment leur métier.