La santé, comme l’enseignement, constitue la plaie ouverte. Le coup de gueule royal à l’occasion de la journée mondiale de la santé est suffisant pour alerter sur le niveau d’urgence de ce dossier. Comment et pourquoi en est-on arrivé là malgré toutes les centaines de milliards de dirhams dépensées depuis des années, les multitudes de programmes, la mise en place et la généralisation de certains filets sociaux comme l’assurance-maladie (AMO) et le Ramed ? Si avec tous ces moyens colossaux, les indicateurs sanitaires sont au rouge et l’ampleur des déficits importante c’est qu’il y a forcément des bugs flagrants soit au niveau de la conception des politiques publiques en matière de santé, soit au niveau de la mise en œuvre des plans d’actions qui en découlent. Il est certain que certains indicateurs de santé du Maroc en 2019 sont nettement meilleurs que ceux des années 50 et 60 du siècle dernier.
Mais la santé est par excellence le domaine où la simple comparaison de ratio dans le temps n’est pas la meilleure manière d’évaluer la performance. Se contenter d’argumenter, par exemple, par l’amélioration de l’espérance de vie ou par des ratios sur la mortalité en faisant des comparatifs dans le temps est fortement réducteur. La performance de la santé se mesure aujourd’hui par rapport aux besoins, au profil et à la taille de la population marocaine d’aujourd’hui qui ne sont pas ceux d’il y a 50 ans. Un système de santé efficace a pour première mission de garantir les soins et les médicaments à tous les Marocains au moindre coût. On en est malheureusement encore très loin car, aujourd’hui, le citoyen lambda finance encore à hauteur de plus de 50% ses soins médicaux.