Editorial

Des congés à la louche

© D.R

À l’occasion de l’Aïd El Fitr qui correspond au premier Choual, équivalent du lendemain du dernier jour du mois du jeûne, nous vous présentons nos meilleurs voeux. Aïd Moubarak Saïd. Vraiment.
Ceci étant, il ne faut pas trop se précipiter. Il faut être sérieux. Il faut garder les bonnes résolutions que vous vous êtes fixées pendant le Ramadan. Elles sont bonnes alors, à mon avis, gardez-les.
Manger une soupe est bon toute l’année. Moins fumer, aussi. Arrêter les boissons anisées aussi. Faire du sport. Aller à la mosquée. Prier. Être charitable. Jeter des ordures sur le sol sans remords. Regarder des sitcom marocains en évitant soigneusement de rire. Se boucher les oreilles quand vous entendez les faux comiques marocains ridicules se mettre à hurler de concert juste après le Ftour. Avoir des idées sur tout. Avoir une bonne raison de moins travailler au boulot. Contrôler ses nerfs quand le vis-à-vis est plus costaud que vous-même. Engueuler votre épouse avec plaisir en faisant passer cela sur le dos des nerfs du Ramadan. Buller en attendant la soupe. Souper en attendant la cigarette. Fumer en attendant la prochaine. Et ainsi de suite…
Vraiment bonne fête. De tout coeur. Car en vérité nos habitudes du mois de Ramadan ne tiennent plus la route. Dès le deuxième jour de ce sacré mois, tout le monde suspend ce qu’il a à faire à la fin, justement, du mois. Un mois en blanc, d’attentisme, de fausse activité, de piété surfaite, de foi circonstancielle, de faible productivité et surtout de mauvaise humeur diurne et bombance nocturne. Oui c’est comme ça le Ramadan chez nous. On n’y peut peu.
Ceci-dit on peut élargir le débat si vous voulez. Quels sont les vrais mois de boulot au Maroc? Juillet-Août, il fait très chaud, pas question de s’exciter. Il y a un vrai consensus sur cette plage horaire. Septembre, c’est la rentrée, il faut bien un mois pour prendre de bonnes résolutions. Octobre, c’est la rentrée des classes, on ne peut pas décemment s’occuper des enfants et d’autres choses forcément moins importantes dans la vie. C’est impossible. Décembre, on y va doucement c’est la roue libre. Il vaut mieux finir l’année en beauté que de provoquer son chef de service en cette période de prime de productivité. Janvier c’est le même topo. Il faut y aller mollo pour ne pas rater le début de l’année avec une erreur fatale. Le dérapage guette. Février, il faut monter en puissance doucement. Sinon gare à l’insolation au printemps. Les premiers rayons de soleil sont méchants. Mars-Avril ne te découvre pas d’un fil, dis-toi que la santé peut se «terminer» un jour car Dieu est puissant, mais le boulot ne se termine jamais. Il en restera toujours et les cimetières sont pleins de gens indispensables comme disent tous les fainéants qui croient au jour, dernier. Quant au mois de mai, il est incompatible vu son caractère festif avec toute notion du travail. Sa dimension syndicale attire beaucoup de salariés le premier du mois dans la rue. Mais, comme les trois quarts des manifestants sont fraîchement licenciés ou, étant licenciés-diplômés chômeurs, ils n’ont jamais travaillé cela ne pose pas de gros problèmes de service.
Seuls les patrons de syndicats sont un peu gênés : les travailleurs se déplacent de moins en moins, ce sont les oisifs qui battent le pavé. Ça fait un peu désordre, mais cela n’a jamais dérangé, par exemple, Noubir Amaoui. Lui, il prend un bain par an , et c’est le mois de mai. Autrement il n’y aurait pas assez de foule pour prendre un bain un autre mois de l’année. C’est comme ça. On peut prendre régulièrement des douches. Mais malheureusement on ne dit pas une douche de foule.
Vous l’avez constaté. On ne fout pas grand-chose pour ce pays mais on l’aime quand même. Et en plus je ne vous ai pas compté les fêtes nationales, les fêtes religieuses, la fête du mouton, les fêtes foraines, les baptêmes, les circoncisions, les mariages, les deuils, les Jamours (le type qui a inventé cette connerie n’est vraiment pas bête), les fêtes entre copains et copines et j’en passe. Allez, bonne fête, quand même, et que chaque année ramadienne soit pour vous source de lumière divine, de bonté et de bonheur partagé.

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