Editorial

Des semailles de justice

© D.R

Il y a quelques jours, sur ces mêmes colonnes, nous écrivions au sujet de la justice – excusez l’auto citation car il n’y aurait point de journalisme sans un trait de vanité – : «Au fond, c’est sur la justice, sa probité et son honnêteté que reposent nos institutions monarchiques. C’est aussi, et surtout, sur la bonne santé morale de cette justice que la pérennité et la modernisation des institutions se construisent».
Aujourd’hui, ce n’est pas sans réconfort, sans optimisme et sans confiance en l’avenir que nous mettons en exergue un passage du discours que S.M. le Roi a prononcé, à Agadir, devant les magistrats à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire. Le Souverain a déclaré, en s’adressant aux juges, avec une grande solennité: «Ainsi vous ferez régner la justice dont nous avons fait le socle et la finalité de notre doctrine du pouvoir. C’est, en effet, sur elle que nous fondons l’ambition d’assurer à notre peuple, libre et fier, le progrès démocratique, la cohésion sociale et l’essor économique que nous appelons de nos voeux.» S.M. Le Roi Mohammed Vi a, au-delà de la large réforme annoncée et des nouveaux dispositifs mis en place, en quelques mots, reformulé sa philosophie du pouvoir et sa vision de la justice. Le progrès dans la démocratie, la cohésion sociale à travers une justice juste pour tous, et le développement économique bâti sur l’égalité et la protection par le droit de tous les opérateurs économiques. L’attachement du Souverain à l’État de droit prend, ici, sa dimension la plus concrète et la plus opérationnelle. C’est sur le terrain pratique de la justice et non pas sur celui de la démagogie populiste, de la dérive nihiliste ou de la surenchère politicienne que la démocratie marocaine, telle qu’elle est aujourd’hui incarnée par S.M. le Roi, entend s’enraciner.
Certes la tâche n’est pas facile et le chantier est énorme et complexe mais des initiatives comme celles qui sont portées par le Discours Royal ne laissent aucun doute sur la ferme volonté, sur l’engagement solide du Chef de l’État à sortir notre justice de l’ornière du sous-développement matériel et intellectuel et des pratiques déviantes. Ceci est désormais un acquis considérable.
Cependant, il reste aux acteurs de la justice eux-mêmes de faire vivre au quotidien cette grande ambition réformatrice par leur probité, leur honnêteté intellectuelle et leur engagement professionnel.
L’indépendance des magistrats, leur autonomie par rapport au ministère public, voire la séparation des pouvoirs ne peuvent être une réalité tangible perçue par tous les citoyens justiciables si les magistrats n’ont pas une très haute idée de leur noble fonction.
L’indépendance des juges ne s’octroie pas, elle ne se décrète pas non plus, elle est juste le produit d’une construction démocratique de longue haleine, elle -même nourrie par une pratique professionnelle irréprochable et exemplaire.
Le discours de S.M. le Roi est sans conteste un jalon important et un acte fondateur dans l’histoire de la justice. Mais au-delà, il nous informe sur une véritable philosophie du pouvoir qui permet, naturellement, à la démocratie de se réaliser par la justice. C’est essentiel. «Faites-vous des semailles de justice, moissonnez une récolte de bonté.»

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