Editorial

Dommages collatéraux

© D.R

Une chronique, au passage très humoristique, que nous avons consacrée librement à Daniel Toscan du Plantier a semble-t-il, occasionné la colère des organisateurs du Festival du Cinéma de Marrakech, qui, bien entendu, ne l’ont pas lue. C’est étonnant, alors que le jour même de la parution de cet article, somme toute assez dérisoire, comme le reste d’ailleurs, ALM a été soigneusement ramassé à l’Hôtel Mamounia pour l’ôter de la vue de nos illustres invités pour ne pas oblitérer l’image du Maroc qui comme chacun sait est une cause aussi sacrée que nationale.
On ne va tartiner tout de suite, dans cette affaire d’état d’âmes, ni sur la liberté d’expression, ni sur la liberté de la presse, ni sur le Maroc ancien ni sur le nouveau d’ailleurs. On s’attachera, aujourd’hui, uniquement à dire simplement que ce festival n’est pas encore inscrit dans la constitution et que ses sacrés organisateurs, jusqu’à preuve du contraire ne font pas encore partie, qu’à Dieu ne plaise, de nos sacralités fondamentales pour qu’ils soient exonérés de la moindre once de soupçon de critique. Et surtout pas Daniel Toscan du Plantier.
Mais de là à considérer cet article de presse comme un crime de lèse-majesté, il y a comme une incompréhension sur les vraies et authentiques valeurs de la monarchie marocaine dont les fervents défenseurs ne sont pas toujours ceux qui vivent confortablement à ses crochets. De là aussi à faire charitablement écrire à une consoeur que « la mayonnaise a pris et bien pris et ce largement à partir du carnet d’adresses d’André Azoulay et de l’énergie que ses amis et lui ont déployée pour réussir l’opération avec une étonnante économie de moyens », nous sommes d’accord. Sauf que nous ignorons totalement et absolument de quelle mayonnaise il s’agit. Celle de Daniel Toscan du Plantier ou celle, comme ajoute notre consoeur bien inspirée, avec un mépris remarquable, d’un petit pays musulman de pas tout à fait 30 millions d’habitants – à qui il faut apprendre à faire la queue – avec un PIB par tête à peine moyen qui a réussi la performance de faire parler de lui en bien pratiquement gratuitement en sortant des clichés. C’est consternant.
Tout un foin pour un week-end gratuit et exotique à Marrakech pour une jet-set délocalisée qui ne nous a d’ailleurs rien demandé.
Mais nos festivaliers impénitents ne se sont pas arrêtés en si bon chemin pour punir les apostats. Ils continuent à nous infliger des dommages collatéraux. Ils poursuivent les manoeuvres d’intimidation pour gêner ALM. Nous ne nous laisserons pas faire pour nous, pour nos lecteurs et pour notre petit pays musulman de pas tout à fait 30 millions d’habitants – à qui il faut apprendre à faire la queue – avec un PIB par tête à peine moyen qui a réussi la performance de faire parler de lui en bien pratiquement gratuitement en sortant des clichés. Oui, pour ce pays avec ou sans Daniel Toscan du Plantier et ses groupies.

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