Si un homme politique a perdu aux élections, il n’est plus qualifié pour devenir ministre. Cette idée qui est presque devenue un lieu commun en ces temps de tractations gouvernementales. Elle est le bon sens lui-même. Elle fait consensus. Et ne supporte, à l’examen, que peu de contradictions. Et pourtant si on gratte un peu le vernis conventionnel, et convenu, on peut découvrir une autre réalité. Un ministre qui perd aux élections est d’abord un ministre qui s’est présenté aux élections. C’est une évidence. Il y a là une forme de courage politique, une responsabilité assumée et une prise de risque manifeste. Celui qui ne s’est pas présenté aux élections ne peut pas être battu. Une autre évidence. Mais de quelle éthique peut-on se réclamer pour considérer ce manquement, cette petite lâcheté ou cette forme de démission implicite à une haute qualité morale qui rend son auteur, qui s’est défaussé face à l’épreuve, éligible à la ministérialité ? Au fond, je ne sais pas. Cette règle pour être juste doit être édictée avant les élections et non pas après pour éliminer des rivaux ou pour dégager la voie à quelques ambitions ministérielles irrésistibles. Ceci étant, personne ne serait contre le fait d’opposer strictement cette règle se fondant sur une orthodoxie démocratique indiscutable pour barrer la route à des indésirables notoires. C’est selon. Comme toute règle, c’est l’exception qui la confirme et c’est la dérogation qui l’aide à exprimer sa vérité relative.