Vouloir, aujourd’hui, faire croire qu’il y a, au sujet du Sahara, une différence d’appréciation entre le secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon et son envoyé spécial, M. Peter van Walsum, est un pas que personne de sérieux ne peut franchir. Croire à cela du côté d’Alger relève plus du dépit que d’une analyse rationnelle de la nouvelle situation. De quoi s’agit-il? Les instances compétentes des Nations Unies, et, dans leur sillage, les grandes puissances, ne considèrent plus l’option de l’indépendance du Sahara comme une option réaliste. En clair, cela veut dire qu’il n’y aura pas de sixième Etat au Maghreb. Et que l’autonomie est, désormais, — et c’est dit de la manière la plus formelle qui soit — la seule option «négociable» entre les parties au conflit. C’est, d’ailleurs, le sens même du processus de Manhasset. Il tourne de fait autour de la proposition marocaine d’autonomie. Et non pas, comme certains veulent le faire croire, sur le concept d’autodétermination qui, lui, est à l’origine du blocage de la situation depuis plus de 30 ans. Résultat : nous sommes, bel et bien, devant un tournant décisif de ce dossier. L’intérêt objectif des Sahraouis de Tindouf est de commencer — sans retard préjudiciable —, le plus vite possible, à négocier l’autonomie. Plus tôt ils le feront, plus cette autonomie pourrait être conforme à leurs aspirations de prendre en main, sérieusement, leur destin. L’intérêt du pouvoir algérien est, naturellement, inverse. Il va rentrer de plus en plus, désormais, en contraction avec les intérêts des Sahraouis. Par le truchement de la surenchère et de manœuvres de toutes natures, il cherchera à vouloir maintenir le statu quo. Or, aujourd’hui, ce statu quo n’offre plus d’avantage stratégique. Ni aux Marocains qui sont véritablement tournés vers l’avenir. Ni aux Sahraouis qui savent qu’ils tiennent avec l’autonomie une possibilité réelle d’en finir avec ce conflit factice. Ni au pouvoir algérien, lui-même, qui voit la communauté internationale lui tourner le dos.