L’OCDE vient de rendre public un rapport sur la mobilité sociale qui met à nu une réalité pour le moins étonnante : dans les pays les plus développés de la planète, l’ascenseur social est en panne ou, dans les meilleurs des cas, extrêmement lent.
L’étude, diffusée en ce mois de juin, a tenté d’estimer le temps nécessaire à des enfants nés dans des familles pauvres ou à faibles revenus pour monter dans l’échelle sociale et atteindre un niveau de revenu moyen. Première surprise, ce laps de temps que nécessiterait l’ascension se mesure, non pas en années, mais en générations c’est-à-dire par unité de 30 ans. La deuxième surprise, et c’est le plus important, réside dans le classement des pays sur l’échelle des générations. Ainsi, on apprend que dans des pays comme la France ou comme l’Allemagne, qui l’aurait cru, les enfants nés en milieux pauvres et défavorisés ont besoin de 6 générations, donc de 180 ans, pour se retrouver à un niveau de revenu moyen. Même dans un pays comme les Etats-Unis, pourtant connu pour être un Eldorado où chaque citoyen peut réaliser ses rêves de devenir riche, la descendance d’une famille pauvre aura besoin de 5 générations, 150 ans, pour monter dans l’échelle sociale et commencer à gagner autant que la moyenne. Et même au Danemark, classé premier sur la liste, il faut tout de même deux générations, 60 ans, à un enfant né pauvre pour sortir de l’indigence. Dans des pays comme la Norvège, la Finlande ou la Suède, ce délai est de 3 générations, c’est-à-dire 90 ans. Surprenant, certes, mais cela explique probablement pourquoi dans ces pays les filets sociaux sont très solides. Pour un pays, une société, la panne de l’ascenseur social est un problème certes. Mais, il devient encore plus dramatique quand, en plus, rien n’est fait ni prévu, ou en tout cas pas assez, pour tirer les pauvres vers le haut.
Au fait, il serait intéressant que notre HCP nous dise ce qu’il en est pour le Maroc…