La publication en début d’année des indicateurs économiques de l’année d’avant est toujours une occasion pour les analystes de prendre de la hauteur pour avoir une vision plus globale.
Et le plus souvent, ce genre de reculs statistiques ne manque pas de réserver quelques surprises. Les indicateurs relatifs aux échanges extérieurs sont à cet égard parmi les plus édifiants. Ils reflètent de manière fidèle la profonde transformation de l’économie marocaine ou plutôt du profil de production du Maroc. Depuis deux ans, le Maroc exporte massivement des voitures de tourisme et la partie export de l’industrie automobile est devenue une des trois principales sources de devises pour le Maroc.
Ce dernier est également devenue de plus en plus référencé par les plus grands donneurs d’ordre au monde dans le domaine de l’aéronautique. Mais ce n’est pas pour autant que l’on peut affirmer que le Maroc s’est industrialisé. Loin de là. Il s’est même par endroits et par filières désindustrialisé et ce sont les chiffres qui le prouvent. Selon l’Office des changes, le Maroc importe aujourd’hui chaque année un peu plus d’un million de téléviseurs, entre 300.000 et 400.000 appareils électroménagers blancs, 70 millions de lampes, 10 millions de T-shirt en coton, 7 millions de paires de chaussures, 130 millions de stylos… et la liste est très longue. Tous ces produits, qu’ils soient d’équipement ou de grande consommation, n’exigent pas une industrie particulièrement technologique et complexe. C’est le plus souvent de l’assemblage.
La preuve, et à titre d’exemple, le Maroc importe une bonne partie de ses téléviseurs d’Egypte. La chaussure, le T-shirt en coton sont des produits que l’industrie nationale maîtrise parfaitement et exporte même en Europe. Pourtant, il est certain qu’assembler des voitures ou fabriquer des parties d’avions est bien plus lourd et compliqué que l’assemblage de réfrigérateurs ou d’écrans plats.
D’où une question basique : Pourquoi dépenser des milliards en devises pour des produits que l’on peut fabriquer localement avec en plus de la création d’emploi ?