Le débat actuel au sujet de l’emploi industriel est salvateur pour deux raisons essentiellement.
La première est que, au-delà des querelles de paroisse et de savoir qui a raison et qui a tort, les institutions publiques, dont font partie le gouvernement et le HCP, devront inévitablement arriver à un terrain d’entente et trouver un compromis parce que la cacophonie ne peut pas durer. Et pour cela, elles devront nécessairement clarifier les chiffres, les concepts, les définitions et donc, au passage, expliquer mieux au grand public de quoi on parle. Une telle clarification apportera à coup sûr plus de crédibilité aux indicateurs chiffrés produits au Maroc.
La deuxième raison, la plus importante, est qu’en dehors de l’aspect scientifique sur la crédibilité des chiffres, le débat finira inévitablement par ouvrir les yeux des responsables sur la réalité duale de notre économie et que certains ne veulent toujours pas voir. Comme c’est le cas en termes d’impôts, il est fort probable qu’en matière de création d’emplois la loi de Pareto soit parfaitement respectée : 80% des emplois sont créés par 20% d’entreprises.
Une démarche économique pure et dure, suivant une logique froide, voudrait que les responsables des politiques publiques concentrent la puissance de feu sur les 20% d’entreprises qui constituent ce que certains appellent les champions nationaux. Mais ce serait oublier que de l’autre côté, les 80% d’entreprises font vivre des millions de familles et constituent, qu’on le veuille ou non, un écosystème indispensable aux champions nationaux. De même que ces derniers sont nécessaires pour tirer toute l’économie vers le haut. Les petites et les grandes entreprises ne sont pas antinomiques. Elles sont toutes les deux nécessaires et vitales pour l’économie : une locomotive n’a pas de sens sans des wagons derrière et
vice-versa…
