Dans certaines villes marocaines, des ouléma, imams et autres érudits de la chose religieuse ont eu l’idée de programmer ces jours-ci quelques séances et causeries sur le suicide profitant du fait que l’on célébrait, le 10 septembre, la journée mondiale de prévention du suicide.
Que des hommes de religion parlent aux jeunes et moins jeunes des sujets et des maux de la société marocaine est un bon signe quant à l’ancrage de nos ouléma dans leur environnement. Malheureusement, à eux seuls, l’homme et le discours religieux ne peuvent pas grand-chose en l’absence d’un vrai débat sociétal sur de telles questions. Or pour qu’un débat soit utile et positif et pour qu’il permette sérieusement de faire avancer les choses, il faut d’abord qu’il y ait de l’information sérieuse et scientifique sur le sujet. Mais là aussi, malheureusement, au Maroc il y a encore beaucoup de sujets et de maux de la société qui ne font l’objet d’aucun suivi statistique, scientifique, régulier et sérieux. On ne dispose pas aujourd’hui d’études scientifiques officielles sur le suicide, l’addiction aux drogues, aux jeux ou à l’alcool, le harcèlement sexuel, le viol, la sexualité, la violence, les maladies mentales…
Pourtant, ce sont là des phénomènes qui traversent notre société à l’instar de ce qui se passe dans le monde entier. Un pays qui veut adresser sa population de jeunes suppose d’abord que l’on connaisse leurs motivations profondes, l’origine de leur bien-être ou de leur mal-être, les ressorts de leurs actions, leur vision de vie et de la société.
Cela suppose donc d’étudier scientifiquement et de près le sujet, de le suivre, de le mesurer, pour ensuite pouvoir en informer et en débattre sereinement. La parole moralisatrice religieuse, à elle seule, ne peut pas tout prévenir.